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Guren [Fanfic mai Hime, sans surprise XD]
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Auteur Message
Miyaki
Trias


Inscrit le: 08 Fév 2006
Messages: 691

MessagePosté le: Jeu Aoû 28, 2008 9:24 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci beaucoup ^^

Kesha:

Spoiler:

Balsa et Chagum...avec Natsuki et Alyssa...hum. Nan. Laughing
Je crains que ce soit pas trop possible XD
Pis j'ai une Alyssa assez proche de Taiki des 12 royaumes en tête en fait. :p

En ce qui concerne la symbolique du Lotus...bah y avait une notion d'évolution dedans qui faisait bien. Et j'ai trouvé une autre signification de "Guren": c'est le nom d'un des 8 enfers glacés dans le boudhisme. La signification exacte est "Lotus Rouge" et ça évoque la couleur de la peau quand elle éclate. Joyeux tout plein, le coté "enfer" je trouve ça assez approprié *_* 'fin tu verras ^^



Kohei: Lol...tu sais, dans le train j'ai percuté que j'avais oublié de corriger une ligne en postant la fanfic XD
J'ai modifié ça dans une gare à l'arrache et je crois que c'est passé inaperçu...c'est la dernière fois que je poste un chapitre aussi tôt XD
Oue pour le Bescherelle...des fois quand je regarde tes corrections je suis effarée par la tronche de certaines fautes que j'ai laissées...hem ^^;
*l'auxiliaire "avoir" est un bourreau* Laughing
En ce qui concerne les commentaires, y en a aussi sur fanfictions.fr où j'ai posté la fic, c'est clair que ça fait plaiz ^^
pis:
Spoiler:

Natsuki fée du logis c'est vrai que c'est pour prendre à rebrousse-poil tous les clichés sur le personnages...ceci dit ce sont des clichés justifiés puisque c'est marqué dans la fiche officielle du personnage qu'elle est bordélique ^^; On n'a qu'à dire que Natsuki a maquillé la vérité...pis c'est un OOC XD



Nina: Oui, j'ai vu ça ^^ c'est très cool de ta part, thanx, c'est sympa comme tout : )
Et t'inquiète, je suis lancée, rien ne m'arrêtera Cool

_________________
La culture anglaise comme vous ne l’avez jamais vue.
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Miyaki
Trias


Inscrit le: 08 Fév 2006
Messages: 691

MessagePosté le: Mer Oct 22, 2008 10:12 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Voici le chapitre 4...enjoy ^^
http://www.fanfiction.net/s/4344508/4/Guren

Petites notes pour aider à la compréhension de ce chapitre :

Boryokudan
: Signifie littéralement « groupe violent » . C’est un terme juridique japonais assez large, utilisé pour désigner n’importe quel voyou ou organisation criminelle violente. Ce mot utilisé par la police est toutefois considéré comme une insulte par les yakuza en raison de son caractère trop général. A noter aussi que, terme japonais oblige, yakuza ne prend pas de « s » au pluriel…

Aizukotetsu-kai
: La 6e organisation yakuza du Japon, basée à Kyoto. Son nom vient de Aizu, la région, « Kotetsu » qui est un type d’épée japonaise, et enfin « -kai », un suffixe qui signifie « société ». Cette organisation regroupe une centaine de clans pour un effectif estimé à 4500 personnes.
Le nom complet est « 5e Aizukotestu-kai », le 5 désignant le nombre de chefs qui se sont succédés…mais on va faire court.

Oyabun ou Kaichou ou Kumicho: Signifient « parent », « chef » ou « chef de clan ». Comme la traduction l’indique, il s’agit du titre décerné à la personne la plus haut placée dans un clan Yakuza. « Clan » est employé au sens large : les membres d’un même clan ne sont pas forcément liés par le sang, bien que tous les titres yakuza aient une forte connotation familiale.

Baito : ce terme est utilisé par les étudiants pour désigner les petits boulots réalisés après les cours, pendant les week-ends ou les jours fériés au Japon.


______________________________________________

Shizuru sortit du bus sous un soleil radieux.
Kyoto était bien plus calme que la capitale et ici, à quelques kilomètres en bordure de ville, les environs étaient plongés dans une quiétude paresseuse. Un chemin en pierres serpentait à flanc de collines depuis l’arrêt de bus à l’ombre des grands cyprès qui se balançaient doucement au-dessus de sa tête. Un temps idéal pour flâner au parc ou visiter l’un des temples de la région, ce que la jeune femme aurait largement préféré, compte tenu de l’endroit où elle se rendait. Mais il était temps de prendre ses responsabilités. Shizuru lissa la jupe qu’elle portait pour l’occasion et se mit en route.

Elle passa devant un muret à demi-effondré qui longeait le sentier sur quelques mètres. Le lierre avait envahi les briques en granit et s’attaquait à la statue posée à une extrémité. On devinait la silhouette d’un dragon, à moitié effacée par le temps. La gueule grande ouverte, édentée, il n’avait plus grand chose de menaçant. En le voyant, Shizuru se souvint avec amusement de l’inquiétude qu’il lui avait inspirée la première fois qu’elle était venue ici.
Elle ne devait pas avoir plus de cinq ans et sa forme incertaine l’avait effrayée. Placé là, la patte posée sur un globe et ses grands yeux aveugles braqués sur le chemin, il donnait l’impression de monter la garde. Shizuru eut un léger sourire en songeant que les quelques mètres qui la séparaient de sa destination prenaient des allures de pèlerinage.

Un autre accès existait, une grande route goudronnée qui lui aurait épargné cette courte marche pour peu qu’elle prenne un taxi. Mais Shizuru n’avait aucune envie d’arriver trop vite. Pourtant, l’immense bâtiment blanc apparut au détour du sentier, bien plus rapidement que dans ses souvenirs. Shizuru s’accorda une pause pour calmer l’appréhension qui l’avait envahie. Un sentiment qui devenait récurrent ces derniers temps, songea-t-elle avec un certain agacement.

Cela en valait-il vraiment la peine ? Elle n’avait pas revu sa mère depuis des années. Sa visite n’apporterait probablement rien de nouveau. Pour la première fois, Shizuru eut une pensée pour Nao, qui rendait visite à sa mère avec une assiduité exemplaire. Si la rouquine en était capable, elle devrait avoir honte de ne pas pouvoir en faire autant.
Cette idée en tête, Shizuru se remit en route. Elle rejoignit la route principale et fut devant les marches en quelques minutes.

Devant elle, les portes coulissantes donnaient sur un intérieur immaculé. On avait changé la plaque depuis sa dernière visite mais les mots qui y étaient gravés n’avaient pas changés : Hôpital Psychiatrique de Kyoto.
______________________________________

Shizuru se présenta à l’accueil, tenu par une infirmière à l’air fatigué.

- Fujino Shizuru ? fit-elle en tapotant sur le clavier de son ordinateur. On ne vous a pas vu souvent, dites-moi !

- Ara, je faisais mes études loin d’ici.

- Je comprends, je comprends…

En l’entendant, Shizuru se sentit soudain un peu honteuse. Elle n’aimait pas passer pour une fille indigne. Et pourtant, c’était exactement ce qu’elle était. L’infirmière ne se voulait pas blessante. En fait, le regard qu’elle adressa à Shizuru était plutôt compatissant.

- Est-ce que je peux la voir aujourd’hui ? On m’a dit que ça serait possible quand j’ai appelé dans la semaine.

- Hum…oui, je crois que tout va bien, répondit la femme en examinant l’écran avec un froncement de sourcils qui accentua les rides de son front. Suivez l’infirmière, elle va vous montrer où est sa chambre.

L’infirmière en question était une petite femme boulotte à l’air aussi fatigué que sa collègue, qui mâchonnait un chewing-gum, un calepin à la main. Elle détailla Shizuru de la tête aux pieds. D’habitude, les visiteurs occasionnels avaient l’air inquiet et mal à l’aise en venant ici. L’infirmière voyait Shizuru pour la première fois mais le sourire poli qu’elle affichait était loin de l’expression anxieuse à laquelle d’innombrables proches de patients l’avaient habituée.
L’infirmière lui fit signe de venir et la conduisit à l’étage, sans un mot.

Elles passèrent devant plusieurs portes identiques jusqu’à ce que l’infirmière s’arrête devant l’une d’entre elles et sorte un trousseau de clefs.

Ainsi, on l’enfermait encore, songea Shizuru.

- Elle est sortie l’autre jour, et personne ne s’en est aperçu, expliqua l’infirmière en surprenant son regard. Elle nous a fait le coup de nombreuses fois, ces derniers temps.

Elle déverrouilla la porte.

-Vous voulez que je reste ou…

- Non, ça va aller, je vous remercie, assura Shizuru en s’inclinant légèrement.

L’infirmière fit demi-tour, laissant la jeune fille devant la porte blanche.
Shizuru ouvrit sans hésitation, poussée par une détermination teintée de la volonté d’en finir au plus vite.

La chambre était plutôt spacieuse. Il n’y avait que du blanc, partout où son regard se posait, jusqu’aux fleurs placées dans un vase sur la table de chevet. En plastique, probablement. Kenjiro avait dû les apporter la dernière fois qu’il était venu ici.

Sa mère était assise sur son lit. Le dos droit, sa posture était très digne. Izuko Fujino était une belle femme au visage doux, presque fragile. Ses cheveux, plus courts que dans les souvenirs de Shizuru, lui frôlaient désormais les épaules. Ses mèches noires comme le jais contrastaient intensément avec son teint et la longue blouse immaculée qu’elle portait.

- Bonjour, salua Shizuru simplement, pour attirer son attention.

Sa mère releva brusquement la tête et Shizuru eut l’impression d’un coup de poing en plein visage. Des yeux pourpres la dévisageaient, parfait miroir de son propre regard. Cette particularité prouvait leurs liens du sang, mieux que n’importe quel test ADN.

Shizuru pinça les lèvres, craignant un instant la réaction de sa mère. Ce fut le seul geste qui échappa au calme qu’elle souhaitait afficher.

Mais le regard d’Izuko se perdit simplement loin derrière son épaule, peut-être vers quelque chose qu’elle seule pouvait voir.
Ces yeux n’étaient pas simplement un héritage: ils étaient la preuve irréfutable de son identité. Ils faisaient d'elle une Fujino et réduisaient à néant les arguments de tout ceux qui prétendaient le contraire. Ceux de sa mère étaient vides, sans vie, comme ceux de ces mannequins de cire dans les musées. En la voyant, Shizuru eut l’impression douloureuse que sa mère était morte et son corps une simple coquille. Son sang se glaça quand elle réalisa qu’elle avait probablement ce même regard à la fin du festival.

La folie était peut-être un trait familiale, après tout.

- Maman ? appela-t-elle dans un souffle.

Izuko releva de nouveau la tête.

- C’est moi. Shizuru.

- Shizuru…répéta la femme, comme un perroquet.

Rien dans son attitude ne changea. Ses yeux vitreux restèrent désespérément inexpressifs. Pas la moindre étincelle. La jeune fille fit quelques pas et s’agenouilla devant elle, de façon à pouvoir la dévisager plus facilement et peut-être arriver à maintenir son attention.

Izuko regarda autour d’elle, perdue. Elle ne reconnaissait pas la voix de l’infirmière qui venait habituellement s’occuper d’elle. La personne devant elle ne portait pas de blouse blanche. Et puis, l’infirmière parlait tout le temps et souriait de toutes ses dents. Celle-là avait l’air calme et tranquille. Silencieuse. Son regard était étrange. Izuko avait l’impression de l’avoir déjà vu mais ce sentiment fut balayé comme une feuille par le vent. Ce n’était qu’une autre infirmière, tout simplement.

- Comment vas-tu ? demanda Shizuru.

Lorsque les mots franchirent ses lèvres, elle se rendit compte que sa voix était chargée d’émotions. Revoir sa mère lui était extrêmement pénible, bien qu’elle l’ait toujours connue ainsi. Plus jeune, Shizuru avait fait le choix de ne plus la voir. C’était trop dur. Dès sa plus tendre enfance, elle avait pris conscience de sa place et savait qu’elle était probablement la dernière personne que sa mère souhaiterait rencontrer si son état venait à changer.
Shizuru avait tenté d’opposer à ses souvenirs d’elle un mur de colère et d’indifférence.

En la voyant aujourd’hui, Shizuru sentit ce mur se fissurer et une profonde tristesse l’envahir. Le ressentiment qui l’avait suivie jusqu’à cette porte d’hôpital avait disparu brutalement. Peut-être parce qu’elle ne voyait plus sa mère avec le regard d’une enfant blessée. Peut-être parce qu’elle avait fini par accepter sa propre condition en réalisant qu’Izuko n’était plus qu’un corps sans âme. Shizuru avait tant de regrets. Sa mère n’avait pas mérité ça. Elle-même n’avait jamais pu lui parler et tenter de justifier son existence. La culpabilité lui fit baisser la tête. C’était un sentiment infondé mais il lui fit l’effet d’ une vieille blessure qui se réveille soudain, sourde et lancinante.

- J’espère qu’ils prennent soin de toi, ici. Kenjiro est passé il n’y a pas si longtemps, n’est-ce pas ?

Izuko ne dit rien. Shizuru n’attendait plus de réponses. Sa voix était de nouveau ferme et sûre.

- Il s’est passé…beaucoup de choses, tu sais ?
_______________________________________

Shizuru sortit de l’hôpital, une heure plus tard. Le reste de sa visite avec sa mère s’était mué en une sorte de monologue dans lequel Shizuru avait parlé de sa vie à Fuuka et son retour à Kyoto. Elle avait passé sous silence le Festival. Shizuru savait qu’Izuko n’aurait pas cillé si elle avait dû aborder le sujet : à part répéter des bouts de phrases, sa mère n’avait pas prononcé un mot en près de vingt ans et les docteurs étaient convaincus que tout ce qu’on pouvait lui dire ne faisait que glisser sur sa conscience brisée.

Cependant, Shizuru estimait avoir largement mérité de supporter seule le souvenir de ses crimes. Se servir de sa mère pour se débarrasser de tout ce qu’elle avait sur le cœur était tout simplement impensable, sans compter qu’Izuko avait eu son compte de cruauté il y a bien longtemps.

Elle passa devant l’accueil en saluant les infirmières. Depuis qu’elle avait quitté la chambre, Shizuru se sentait mélancolique et abattue. Il lui était impossible de se rappeler la moindre rancune pour se défendre contre ces sentiments qui s’accrochaient péniblement à ses pensées. Il lui paraissait maintenant inconcevable qu’elle n’ait pas pris de nouvelles de sa mère pendant toutes ces années. La jeune fille avait d’autant plus hâte de retrouver Kenjiro. Izuko était un sujet qu’ils pourraient aborder tous les deux.
Elle en profiterait pour se confondre en excuses : même s’il était probablement très occupé, il avait pris le temps de rendre visite à sa mère de temps à autre.

Elle regarda autour d’elle et remarqua alors un homme qui attendait dehors, assis sur un muret, une cigarette aux lèvres et une mallette posée à ses pieds. En voyant Shizuru descendre les marches, il jeta le mégot et s’approcha d’elle. Il était vêtu de blanc et de noir, sa chemise soigneusement boutonnée jusqu’au col et une veste sombre sur les épaules malgré la douceur de l’air. Même ses mains étaient gantées, constata-t-elle, alors que la distance entre eux diminuait. La jeune fille s’arrêta avant qu’il ne la rejoigne, surprise et soudain un peu inquiète.

- Fujino Shizuru ?

Le ton sur lequel il avait prononcé son nom n’avait rien d’interrogatif.

- C’est moi, confirma Shizuru sans le quitter des yeux.

En un éclair, elle repensa à sa mère, assise dans sa chambre blanche et à Kenjiro que des soucis retenaient à Tokyo. Un signal d’alarme résonna dans son esprit. Est-ce que cet homme…

- Norio Nagoshi, inspecteur de police, annonça-t-il en présentant un badge officiel.

- Enchantée, répliqua Shizuru du tac au tac.

- Pourriez-vous m’accompagner quelques instants ? J’ai à vous parler, fit-il en montrant du pouce une voiture banalisée aussi noire que ses habits.

Shizuru jeta un coup d’œil aux alentours et vit qu’il n’y avait personne d’autre. Quel genre d’inspecteur appréhendait les gens sans la présence d’un équipier ? Elle n’avait aucune envie de le savoir.

- Ara, vous êtes seul, inspecteur ? Si ça ne vous dérange pas, allons nous asseoir un peu plus bas, il y a une station service à une centaine de mètres avec un restaurant, proposa Shizuru.

Elle voulait lui faire comprendre qu’elle était parfaitement au courant de la singularité de son action et qu’il était hors de question qu’elle se plie à son manège. L’hôpital était juste derrière elle, l’homme n’insisterait probablement pas.

- Entendu, dit-il après une brève hésitation.

Shizuru se mit en marche avec un hochement de tête et il lui emboîta le pas.

A mesure qu’ils se rapprochaient de la station service, Shizuru énumérait mentalement toutes les raisons pour lesquelles l’inspecteur, si c’en était bien un, voudrait lui parler. Il y en avait malheureusement beaucoup trop et elle eut l’impression de se jeter dans la gueule du loup lorsqu’elle poussa la porte vitrée du petit restaurant.
La seule chose qui la rassurait était qu’elle ne se trouvait pas encore avec les revolvers d’une escouade de police armée jusqu’aux dents braqués sur elle.

- Que puis-je faire pour vous ? demanda-t-elle en prenant place.

Norio sortit un dossier de sa mallette et le posa soigneusement devant lui.

- Avant toute chose, Fujino-san, sachez que je représente actuellement le gouvernement Japonais. Tout ce qui sera dit à cette table devra rester absolument confidentiel.

- Entendu, fit Shizuru en ouvrant la carte des desserts.

L’inspecteur haussa un sourcil, clairement surpris par son attitude. De son côté, Shizuru avait décidé de ne pas rentrer dans son petit jeu d’intimidation. S’il cherchait à la déstabiliser, il était tombé sur la mauvaise personne : il était hors de question qu’elle le laisse l’impressionner tant qu’elle n’avait pas vu la trace d’un mandat d’arrêt ou quelque chose du même genre.

- Une dame blanche, s’il vous plait, demanda-t-elle avec un grand sourire à l’intention de la serveuse qui venait prendre leurs commandes.

Norio manqua s’étouffer devant son air insouciant. Il savait très bien à qui il avait affaire mais jamais il n’aurait cru qu’elle puisse faire preuve d’une telle légèreté.

- Fujino-san, j’ai le regret de vous annoncer que votre grand-père est mort, annonça-t-il sans ménagement.

Shizuru releva la tête et son léger sourire disparut.

- La semaine dernière, précisa l’inspecteur. Une mort naturelle.

- Je l’ignorais. Ça fait peu de temps que je suis ici, j’ai peu de contacts avec ma famille.

- Toutes mes condoléances.

Il avait l’air de s’en soucier autant que de sa première chemise. Shizuru, de son côté avait accepté la nouvelle avec une certaine indifférence. Elle n’avait jamais été proche de son grand-père qu’elle avait dû voir à peine plus souvent que sa mère. La seule chose qui la surprenait était que Kenjiro ne lui ait rien dit. Peut-être y avait-il là un lien avec ce qui le retenait à Tokyo, songea-t-elle en prenant une bouchée de sa glace.

Norio sembla perdre patience devant son cinéma et il se pencha en avant pour intercepter son regard.

- Mais je ne suis pas ici pour parler funérailles. Je suppose que vous savez dans quelles affaires traînait votre grand-père.

- Si vous cherchez des renseignements inspecteur, vous vous trompez de personne. Cela fait plus de cinq ans que je n’ai pas eu de contact direct avec un membre de ma famille. Mais oui, effectivement, je suppose que mon grand-père n’avait pas les meilleures fréquentations. De toute façon, cela ne me regarde pas, je suis sa petite-fille et pas sa mère, fit-elle remarquer jovialement.

Son grand-père mort, la seule famille proche qui lui restait se limitait désormais à sa mère et Kenjiro.

- Admettons, fit l’inspecteur en s’adossant sans la quitter du regard. Vous ne savez donc pas encore qu’il vous a légué la totalité des parts de marchés qu’il détient en bourse ?

- Ara ? Vous devez faire erreur, fit-elle avec un sourire candide et des yeux étonnés.

Norio sortit une feuille du dossier et la fit glisser sur la table jusqu’à sa main. Shizuru y jeta un coup d’œil sans la prendre. Le document était officiel. La somme, astronomique. Elle haussa nonchalamment un sourcil.

- Voilà qui est étonnant. Ça ne change rien, je refuse de toucher quoi que ce soit de sa part.

- Savez-vous pourquoi il vous lègue tout ceci, si vous le connaissiez aussi peu ?

Shizuru n’en montrait rien mais elle était abasourdie. Jamais elle ne se serait imaginée être sur la liste des héritiers.

- Nous ne savons pas non plus, reprit l’inspecteur, sans attendre de réponse. Peut-être voulait-il être le plus discret possible et transmettre ses biens à l’un de ses parents plutôt qu’à un…suspect. Peut-être voulait-il vous donner l’occasion de les revendre et assurer largement votre avenir…

Shizuru n’en avait aucune idée mais la deuxième hypothèse lui paraissait fortement improbable.

- Après tout, peu importe, Fujino-san. Les faits sont là.

Devant lui, la jeune femme n’avait pas bronché. La cuillère de son dessert dans la bouche, elle attendait patiemment qu’il continue et expose enfin la raison qui l’amenait ici. Shizuru doutait que l’inspecteur soit là pour jouer les notaires intermédiaires.

- Ces parts de marché représentent une fortune. Avec elles, vous avez un contrôle quasi-total sur une entreprise de technologies de pointe et une position non-négligeable dans une industrie de l’audiovisuel. Ça en ferait saliver plus d’un. Les anciens associés de votre grand-père, particulièrement. Les boryokudan n’aiment pas voir quelque chose qu’ils considèrent comme acquis leur passer sous le nez.

Boryokudan. Enfin, il avait prononcé ce mot. Shizuru se demandait combien de temps encore il comptait tourner autour du pot.

- Qu’ils ne s’inquiètent pas, déclara-t-elle avec un aplomb sans faille. Je vous l’ai déjà dit, il est hors de question que je touche ne serait-ce qu’un centime de cet héritage.

Elle était sincère. La jeune fille connaissait peu son grand-père mais en savait largement assez sur les yakuza pour refuser de s’impliquer dans la moindre de leurs affaires. Hors de question de s’approprier des sociétés achetées avec l’argent du trafic de drogues et des réseaux de prostitution. Sans compter que sa famille avait déjà payé un trop lourd tribu à causes de ces histoires sordides.

- Les choses ne sont pas aussi simples, Fujino-san, fit l’inspecteur en se laissant aller confortablement contre le dossier de la banquette. Les yeux plissés et un sourire satisfait aux lèvres, il lui fit penser à un chat qui vient de piéger une souris. Voyez-vous, le gouvernement japonais apprécierait énormément votre coopération dans une tentative d’infiltration des clans boryokudan, annonça-t-il le plus sérieusement du monde. J’imagine que le nom Aizukotetsu-kai vous évoque quelque chose.

C’était le cas. Malgré le peu de nouvelles qu’elle avait de son grand-père et sa discrétion sur le sujet, Shizuru savait pertinemment qu’il était le kaichou d’un des clans de l’Aizukotetsu-kai. L’inspecteur n’avait aucune raison d’ignorer ce détail.

- Si vous avez besoin d’argent à ce point, pourquoi pas, proposa Shizuru en plaisantant à demi. Elle n’aimait pas du tout le tournant que prenait cette conversation et espérait avoir mal compris ce que sous-entendait Norio.

- Nous aimerions que vous intégriez les yakuza, Fujino-san, précisa-t-il.

Elle ne put retenir un éclat de rire. L’idée était d’une absurdité ahurissante. Il aurait tout aussi bien pu lui proposer d’aller faire de la natation dans un bassin infesté de piranhas.

- Jamais de la vie, dit-elle simplement. Vous croyez vraiment que j’ai envie de me mêler à ces gens-là ?

- Je ne crois pas vous avoir dit que vous aviez le choix.

Norio ouvrit de nouveau le dossier et en sortit une série de photos qu’il lui tendit.
Shizuru les prit et sentit le sang refluer de son visage, comme aspiré.
Les clichés étaient en noir et blanc, probablement prit par des caméras de surveillance. On pouvait voir distinctement dessus un intérieur ravagé et un sol jonché de cadavres. Une femme était debout au milieu du carnage, une sorte de lance ou de hallebarde à la main. Le long kimono qu’elle portait était éclaboussé de sang qui ressortait en noir sur les photographies.

- Vous étiez terrifiante, ce soir-là, Fujino-san.

Des dizaines de questions se bousculaient dans l’esprit de Shizuru. Comment avait-il eu ces photos, que savait-il exactement…
Elle reposa les clichés sur la table.

- Ces photos n’ont aucune valeur, inspecteur. Faites des recherches sur ces gens, je peux vous assurer qu’ils sont en vie.

En vérité, la jeune fille n’en avait aucune idée. L’espoir que leur absurde résurrection ne concerne pas uniquement les Himes mais aussi toutes les victimes du Festival la hantait. Elle n’avait aucun moyen de le vérifier.
Le piège autour d’elle se resserrait inexorablement.

- Je ne suis pas sûr que le risque vaille le coup d’être couru devant un tribunal. Si tous ces gens sont en vie, il doit être possible d’en trouver un ou deux qui seraient ravis de connaître l’existence de ces clichés pour témoigner contre vous, en tant que rescapés. Et s’ils sont bel et bien morts…

- C’est du chantage, Nagoshi-san, constata Shizuru d’une voix calme. Ses traits restèrent impassibles mais son regard étincelait.

Norio la détaillait sans broncher. Il avait face à lui une véritable machine à tuer, une jeune femme capable de soutenir son regard même après avoir vu les photos de sa propre boucherie. Fujino n’avait pas nié une seule fois, ni manifesté le moindre remord. Alors qu’il sentait une colère dégoutée faire frémir sa poitrine, Norio se dit pour la première fois que, peut-être, le plan mis au point par ses supérieurs pouvait fonctionner.

- Nous savons tout, Fujino-san. Tout. Quoi qu’il se soit produit après, vous avez massacré des dizaines de gens sans défense. Et ça, le tribunal le saura. Ce sera la peine capitale. Croyez-vous que nous n’allons pas vous juger parce qu’il n’y a miraculeusement pas eu de conséquences ? Il est hors de question qu’un assassin tel que vous s’en sorte si facilement et puisse rester comme ça, dans la nature.

- Je n’aurais jamais cru que l’on m’offrirait la rédemption en me proposant d’intégrer des réseaux de prostitution ou de trafics de drogues, rétorqua froidement Shizuru.

Elle n’en dit pas plus. Ses sourires et son air étonné avaient disparu. Elle se tenait droite, le regard durci. L’air grave, Shizuru dégageait une assurance calme et posée. La lueur dangereuse au fond de ses yeux était la seule preuve de la colère que lui inspirait cette discussion. Comme un fauve furieux d’être en cage mais qui attend son heure. Plus il la regardait, plus Norio sentait qu’il avait réveillé quelque chose de redoutable.
Son seul réconfort était qu’elle le prenait enfin au sérieux.

Shizuru réfléchissait à toute allure. Inutile de négocier davantage, l’inspecteur en savait beaucoup trop pour lui laisser la moindre marge de manœuvre.
Au ton employé, il n’aurait aucun remord à l’envoyer à l’échafaud après un procès truqué.
Les résurrections qui avaient eu lieu n’effaceraient jamais l’horreur de ses actes et il avait l’air prêt à la mettre face à ses responsabilités.
Elle ne pouvait pas l’en blâmer.
L’idée que le gouvernement puisse avoir un rôle, même de simple observateur, dans le Festival des Himes ne l’avait jamais effleurée.
Cette simple pensée la révolta. Que savaient exactement ces gens qui avaient laissé des lycéennes s’entretuer sans lever le petit doigt ?

- Ara, inspecteur…réalisez vous-même que votre idée n’a aucun sens, fit-elle en tâchant de se concentrer sur l’origine de tout ce chantage. Je suis une femme, métisse de surcroît. Jamais les yakuza ne m’admettront dans leurs rangs.

- Je crois que vous avez vos chances. Vous avez les yeux de votre grand-père. Vous êtes son héritière. Vous avez sa fortune.

- Vous connaissez probablement les circonstances de ma naissance, insista Shizuru. Je suis une honte pour ma famille…

Norio l’arrêta d’un geste.

- Les temps changent, Fujino-san. Je suis persuadé que vous avez assez de cartes en main pour vous en sortir. Vous nous avez prouvé l’année dernière que vous n’aviez aucun soucis avec la violence et la manipulation. Je suis certain que vous arriverez à vos fins, annonça-t-il avec un dédain à peine dissimulé. Mais si vous voulez absolument tenter votre chance devant les jurés, ça ne me pose aucun soucis.

Shizuru essuya l’insulte sans broncher. C’était la première fois qu’elle se retrouvait devant quelqu’un qui la jugeait ouvertement.
Norio savait qu’il s’était engagé sur un sujet sensible. Le massacre du Festival était le seul atout qu’il pouvait mettre en avant pour espérer rallier Fujino à sa cause. La provoquer était l’unique façon de faire passer ce chantage.

- Nous ne vous envoyons pas chez les yakuza par simple plaisir, Fujino-san. Voyez-vous, nous avons quelques soucis avec certains clans. Nous aurions besoin d’une aide interne pour les approcher et démanteler leurs réseaux.

-Je suis ravie de voir que la police fait preuve de toujours plus d’originalité pour arriver à ses fins, railla Shizuru avec un grand sourire.

- Ce sont principalement des clans jeunes qui cherchent à se faire une place parmi les grands noms des yakuza, continua Norio sans se laisser perturber. Ils sont bien plus violents que les gangs habituels mais moins organisés. Si nous agissons correctement, nous devrions pouvoir arriver à en faire un ennemi commun des forces de police et des boryokudan. Dissoudre leur organisation sera alors beaucoup plus facile. Toutes les informations dont vous aurez besoin dans un premier temps sont là-dedans, expliqua-t-il en tapotant le dossier. Alors ?

C’était un choix entre la corde et le couteau. Le milieu de la pègre la révulsait et Shizuru ne s’imaginait pas survivre à sa première entrevue avec un oyabun. Mais un procès était hors de question. Norio pouvait la détailler comme un monstre s’il le souhaitait : elle refusait de se retrouver salie devant les jurés avant d’être exécutée froidement par des gens qui savaient tout du Festival et avaient permis cette spirale de violence sans réagir.
Ce serait donc les yakuza.

- J’ai quelques conditions à poser avant d’accepter, Nagoshi-san.

- Je vous écoute, fit-il avec le ton conciliant des vainqueurs.

- Je sais que vous fichez le moindre yakuza que vous découvrez. Je vous demande de faire en sorte que mon nom n’apparaisse jamais sur cette liste, quoi qu’il arrive.

L’inspecteur tiqua. Shizuru aurait parié qu’il aurait été prêt à l’y inscrire lui-même.

- Entendu, annonça-t-il finalement, très vite. Vous avez ma parole.

- Je veux que la protection autour de ma mère soit resserrée et je veux également une adresse factice sur Kyoto qui apparaisse dans tous les registres administratifs.

- C’était prévu.

C’était des méthodes de protection dérisoires mais peut-être lui permettraient-elles de gagner un peu de temps si les choses venaient à dégénérer. Shizuru songea à sa mère, sans défense à l’hôpital. A Kenjiro qui allait forcément se retrouver impliqué dans tout ça. Aux autres Himes…dans quelle mesure risquaient-elles de subir un chantage du même genre ? Natsuki n’était probablement jamais allée jusqu’à tuer avec ses pouvoirs…du moins l’espérait-elle. Shizuru sentit la colère gronder en elle, brûlante comme des braises. L’idée que des personnes qui lui soient chères se retrouvent en danger de cette façon agitait en elle des sentiments qu’elle avait espéré ne plus jamais ressentir. La jeune fille étouffa sa fureur aussi vite. Elle avait besoin de cohérence et de raison, pas de s’emporter inutilement. Elle seule était menacée pour l’instant et Shizuru ferait en sorte qu’il en soit ainsi jusqu’à ce que tout soit terminé.

- Et enfin, reprit-elle sur un ton impeccable, les études coûtent chères…une légère rétribution serait la bienvenue. Il est hors de question que je touche le moindre centime venant des boryokudan et je n’aurais pas le temps pour un baito, vous en conviendrez, fit-elle avec un grand sourire.

- Je vais voir ce que je peux faire, mais ne vous attendez pas à quelque chose de fantastique, maugréa-t-il avec agacement.

- Alors c’est entendu, j’accepte votre marché.

Shizuru n’avait qu’une envie : mettre fin à cette discussion et quitter le restaurant le plus vite possible. Elle se leva pour signifier qu’elle n’avait rien de plus à ajouter et Norio lui tendit le dossier, une chemise en carton épaisse comme une mallette.

- Si vous réussissez, l’affaire du Festival sera oubliée.

- Trop aimable, inspecteur. Si cela suffit à la justice pour se donner bonne conscience alors je suppose que tout va pour le mieux.

Les yakuza…en prenant le dossier, Shizuru sut qu’elle ne s’était jamais trouvée aussi loin de la rédemption qu’à cet instant.

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La culture anglaise comme vous ne l’avez jamais vue.


Dernière édition par Miyaki le Mar Déc 02, 2008 9:48 pm; édité 1 fois
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WinryElric
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MessagePosté le: Jeu Oct 23, 2008 10:08 am    Sujet du message: Répondre en citant

>____________< mais c'est quoi cette pagaille !!! >_<
Et ben ^^' je ne m'attendais pas à ce que l'histoire tourne comme ça Very Happy c'est super Twisted Evil vivement la suite Very Happy gambatte Miyaki ! \o/

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Titange
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MessagePosté le: Jeu Oct 23, 2008 10:35 am    Sujet du message: Répondre en citant

Bon après avoir lu tes 3 fic(s <_< j'ai pour religion de ne pas mettre de "s" aux abréviations, mais ne me souvenant plus de la règle originelle, je le laisse dans la parenthèse XD...) d'une traite, parce que tu le vaux bien (ha ha ha, comme j'ai le visuel là "Guren, parce que je le vaux bien").

Traiter les deux séparément, effectivement ça change, c'pas plus mal.

Spoiler:

Comme tu m'as achevée avec THE révélation: Alyssa, sœur de Natsuki... Et comme j'ai ri avec Midori et son Sister's day.
Bon j'ai pas ri longtemps hein. Miyu, RIP, ta mort était nécessaire au bon tissage (ou pas XD) des liens familiaux.
Le "décor" est bien planté, mais c'te pauvre Shizu doit avoir un très mauvais karma XD: hop je sors de l'hôpital, je culpabilise par rapport à ma mère internée, et vlan, je me retrouve face aux crimes de mon passé obligée de faire de l'infiltration dans un milieu pas du tout dangereux... La classe quoi



J'espère que la suite tiendra ses promesses ^^
Et si possible rapidement hein (comment ça tu n'as pas que ça à faire? mais si, tu n'existes que pour nous écrire de belles histoires Laughing). Même si j'ai cru entendre que la Bêta readeuse faisait de la rétention de chapitres... C'est mal :p

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Miyaki
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MessagePosté le: Mar Déc 02, 2008 12:31 am    Sujet du message: Répondre en citant

Non, vous ne rêvez pas !
Ceci est bel est bien...une update ! XD

http://www.fanfiction.net/s/4344508/5/Guren

Le soleil était radieux. L’Académie se vidait peu à peu de ses élèves qui envahirent bientôt les immenses pelouses du campus. La plupart rentraient chez eux par petits groupes ou rejoignaient d’un pas tranquille les différents clubs de l’Institut. D’autres profitaient de la douceur de l’air pour flâner dans les jardins et discuter entre eux, assis dans l’herbe.
Mai regarda les étudiants passer devant elle, son humeur maussade contrastant nettement avec l’atmosphère décontractée qui régnait à cette heure.
La rouquine avait trouvé un peu de solitude sous un arbre et s’était installée là pour ressasser les évènements de la veille.

Elle vit de loin la silhouette de Natsuki qui sortait de l’Académie. La solitaire avait négligemment jeté son sac par-dessus l’épaule, comme à son habitude, et avançait les yeux braqués sur le sol.

- Natsuki ! appela Mai en lui faisant signe.

Son amie releva la tête en l’entendant et se dirigea vers elle d’un pas plus vif.
En la voyant approcher, Mai remarqua ses traits tirés et ses épaules voutées. Natsuki n’avait probablement pas beaucoup dormi cette nuit, constata-t-elle avec une sympathie teintée de tristesse.

- Tu es venue en cours aujourd’hui ? s’étonna-t-elle.

- Pas vraiment. Je devais voir la Directrice. Et Youko. Je reviens demain.

Réponses courtes et directes : avec la fatigue, Natsuki reprenait l’habitude de s’exprimer au minimum, remarqua Mai.

- Repose-toi ce soir, tu as une mine épouvantable, dit-elle avec sollicitude.

- Nuit blanche. Alyssa n’était vraiment pas bien, soupira la solitaire.

- J’imagine, murmura Mai. Mikoto était inconsolable quand elle a appris la nouvelle, hier. Tu sais comme elle peut s’attacher aux gens et comme elle prend tout à cœur, continua-t-elle d’une voix désolée.

Natsuki lui adressa un sourire compatissant. Le silence se prolongea quelques instants. Il n’y avait pas grand-chose à dire, après tout. Mai se concentrait sur Mikoto, tout comme son amie le faisait avec Alyssa. Elles étaient moins vulnérables et prendre soin des deux plus jeunes leur donnait suffisamment de soucis pour que la mort de Miyu passe finalement au second plan.

- Alyssa va rester avec toi ? demanda finalement Mai.

- Oui. Je ne sais pas encore pour combien de temps. Pour l’instant, on reste ensemble.

Mai laissa échapper un soupir.

- Nao m’a dit que Youko et Midori avaient fini d’autopsier le corps de Miyu, murmura-t-elle. Il y avait bien un système d’autodestruction. Mais pourquoi le déclencher maintenant ?

La Searrs s’était retirée de la scène du Festival depuis des mois. Détruire Miyu bien après que tout soit fini n’avait aucun sens.

- J’en sais rien.

Il faudrait mener des recherches sur le sujet, songea Natsuki. Toute preuve d’activité de la société ne présageait rien de bon.

- Tu parlais de Nao…les autres sont au courant ? demanda-t-elle.

- Je suppose…Fumi a dû contacter toutes les anciennes HiME.

- Je vois.

- Sauf peut-être Shizuru qui est à l’université…, je ne sais pas si l’administration a gardé son numéro, fit la rouquine. Tu devrais peut-être l’appeler, pour lui dire.

Natsuki fit la grimace. Elle ouvrit la bouche, comme pour se lancer dans une longue explication, mais les mots se transformèrent en un soupir dépité.

- Non, dit-elle simplement, d’un ton lourd d’embarras.

- Comment ça, « non » ?

Natsuki se débarrassa de son sac à dos comme s’il pesait une tonne et se laissa tomber à côté d’elle.

- Je sais pas si c’est une bonne idée, murmura-t-elle en fixant la pelouse et en rentrant la tête dans les épaules. Que ce soit moi qui l’appelle, je veux dire.

Mai la considéra un instant, les yeux agrandis de surprise.

- Vous vous êtes disputées ?

- Peut-être…

La rouquine n’avait pas l’habitude de voir son amie si maussade.

- Tu sais ce qu’il s’est passé pendant le Festival, hein ? continua Natsuki. Tu sais que Shizuru…

- Oh.

Natsuki avait brièvement abordé ce sujet pendant le Festival, juste avant qu’elle ne parte affronter la présidente du conseil des élèves. À l’époque, Natsuki s’était contentée de résumer les évènements sans entrer dans les détails, avec le plus de distance possible. Vu l’urgence de la situation des HiMES et la façon dont elle avait présenté les choses, Mai ne lui avait pas demandé de précisions. En vérité, elle ne pensait pas que Natsuki voudrait lui en reparler un jour.

- Elle…elle avait des sentiments pour moi, confirma très vite la solitaire d’une voix si basse que Mai dû tendre l’oreille pour l’entendre.

C’était un bel euphémisme et les joues de la jeune fille rosirent à ces mots. Elle entreprit d’enrouler un brin d’herbe autour de ses doigts, clairement embarrassée.

- Qu’est-ce…qu’est-ce que tu en dis ? demanda-t-elle à Mai.

Peut-être était-ce la fatigue ou les évènements de la veille qui avaient affaibli ses défenses, songea la rouquine prise au dépourvu : Natsuki n’avait pas l’habitude de s’épancher de la sorte. La mort de Miyu l’avait vraisemblablement plus bouleversée qu’elle ne le laissait paraître pour qu’elle entrouvre ainsi le rideau qu’elle maintenait sur sa vie privée.

- Eh bien...ça m’a beaucoup surprise, commença-t-elle avec précautions, sans savoir exactement où son amie voulait en venir. Ça ne m'était jamais venu à l'esprit qu'elle puisse en pincer pour toi...de cette façon.

Elle sourit en repensant à la nuit où elle avait surpris Natsuki sur la plage, juste avant leur expédition dans un laboratoire désaffecté de la Searrs.

- Ca me rappelle la fois où je t’ai surprise sur la plage, quelques secondes avant que tu n’envoies balader ce pauvre Takeda. Tu te souviens ? Je t’avais demandé si tu avais un problème avec les mecs ce soir-là ! C’était pour plaisanter, mais tu aurais dû voir ta tête…

- Je me demande juste comment tu as pu penser à ça, maugréa Natsuki en piquant un fard.

- C’était pour te taquiner…c’est un sujet tabou ? Ou alors, tu es…

- Tu vas pas recommencer ! s’écria la solitaire en lui jetant un regard agacé. Et on parlait de Shizuru, là…

Mai cligna des yeux, interloquée, avant de lever les mains en signe de paix.

- Bien sûr, bien sûr, ne t’énerve pas ! Je t’ai dit que je ne m’attendais pas du tout à ce que Shizuru craque pour toi. Mais…et toi ? Tu ne parlais jamais de ta vie privée et c’est à peine si je t’ai entendu prononcer son prénom pendant le Festival, demanda-t-elle prudemment.

Natsuki serra les dents, comme si elle redoutait cette question.

- Moi…c’est bien ça le problème. Je crois que je peux pas…

- Tu ne peux pas quoi ? Ça te dérange qu’elle soit… attirée…par les filles ?

Mai parlait en choisissant ses mots avec soin. La solitaire ne savait pas si c’était pour la ménager ou parce qu’elle ne s’était pas encore habituée à l’idée que Shizuru puisse être amoureuse d’une autre femme.

- Non, enfin…je sais pas, je ne pense pas. C’est surtout que je n’y avais jamais réfléchit avant et que l’idée m’a paru…étrange, sur le moment.

D’ailleurs, songea Natsuki, est-ce que Shizuru ne ressentait cette attirance qu'envers les femmes, ou bien était-elle juste une exception ?

- Maintenant, je crois que je m’en fiche un peu. Je suis la personne la plus mal placée de la planète pour juger de ce genre de trucs, après tout. J’y connais rien, marmonna-t-elle.

Finalement, peu importe la façon dont Shizuru puisse trouver son bonheur. Natsuki se sentait tellement misérable dès qu’elle cherchait à analyser ses propres sentiments que ce genre de choses lui paraissait désormais secondaire.

- J’ai eu peur, le soir où elle m’a embrassée. J’ai même imaginé n’importe quoi dans la foulée. Moi non plus je ne m’y attendais pas. Je n’avais jamais pris le temps d’envisager qu’une fille puisse craquer pour moi et encore moins Shizuru !

Mai hocha timidement la tête comme pour l’encourager à continuer.

- Et c’était tellement…tellement dingue ! Rien à voir avec un mignon coup béguin passager ! Je veux dire…la veille, c’était ma meilleure amie…tu sais, elle était toujours présente, mais finalement c’était une fille très discrète. Et le lendemain, elle était prête à massacrer tout le First District par amour pour moi ! s’enflamma-t-elle. C’est complètement fou. J’ai rien vu venir…

Et la brutalité du Festival l’avait forcée à agir vite. Natsuki prit une grande inspiration, comme pour trouver un peu de bravoure et continuer sur sa lancée. Plus les jours passaient, plus ses souvenirs de cette époque lui paraissaient irréels. Les orphans, les éléments, les Childs, Shizuru…La routine qui s’était installée depuis jetait une sorte de brouillard confus sur ce dont elle se rappelait, comme si sa logique cherchait à noyer toutes ces images fantastiques.
Pourtant, la sensation de ses lèvres pressées contre celles de Shizuru lui revenait parfois en tête, sans prévenir. Elle chassait cette impression avec énervement, la gorge nouée, agacée que la scène soit ainsi gravée dans sa mémoire.

- Après le Festival, j’ai essayé, tu sais. J’ai essayé de m’imaginer…Shizuru et moi. Ce qui pourrait se passer, ce que je pourrais ressentir…mais je n’arrive qu’à me faire peur.

Mai l’écoutait en retenant son souffle. À la façon dont le visage de la solitaire s’était enflammé, elle n’avait encore jamais fait ce genre de confidences à qui que ce soit.

- Je crois que je suis…juste incapable de tomber amoureuse. C’est tout, annonça-t-elle en déchiquetant méticuleusement une touffe d’herbes cette fois. Homme ou femme, je ne sais pas si ça changerait grand-chose au problème, avoua-t-elle en se tassant sur elle-même, comme si elle avait voulu s’enfoncer dans le sol et se cacher à la vue de tous.

- Peut-être que tu te poses trop de questions, proposa Mai prudemment alors qu’un silence maladroit menaçait de s’étirer.

Il lui semblait que si elle disait le moindre mot de travers, tout ce que Natsuki essayait de lui dire volerait en éclats, comme une bulle de savon dans l’air qui semble exploser rien qu’avec une pression du regard.

- Je ne sais pas. Je ne crois pas. Je crois que je suis juste…comme ça. Avant je m’en fichais, tant que ça ne me concernait pas. Mais Shizuru a tout changé.

Elle ne s’était jamais imaginée devenir l’être le plus cher aux yeux d’un autre. Les histoires de cœur ne l’intéressaient pas. Peu importe qu’un élève lui fasse la cour, la solitaire pouvait l’en décourager sans se soucier un seul instant de ses sentiments : les émotions d’une personne dont vous connaissez à peine le nom vous affectent peu, après tout !
Mais Shizuru était sa meilleure amie. Même si Natsuki ne le souhaitait pas, ce qu’elle pouvait ressentir lui importait.

Silence. La jeune fille s’empourpra davantage si c’était possible, le regard résolument rivé devant elle alors qu’elle cherchait ses mots, affreusement consciente de la présence de Mai à ses côtés.

- Tu sais…finalement, je crois que j’aurais voulu pouvoir lui rendre ça. J’aurais voulu que ce soit réciproque et pouvoir la rendre heureuse. Mais je peux pas. Je…

Je suis une enfoirée de Dame de Glace. Elle aurait voulu prononcer ces mots, mais ils restèrent bloqués dans sa gorge.

Comme elle lui en voulait.
Le jour où elle avait compris à quel point son amie tenait à elle, Natsuki avait réalisé combien, de son côté, elle était vide et désespérante. « Aimer » semblait tellement fort et facile pour Shizuru…pour la solitaire, quelque chose d’aussi intense lui paraissait presque impossible à imaginer.
Comment pouvait-on déployer une telle ardeur pour quelqu’un ?
Face à cette idée, Natsuki se sentit de nouveau oppressée, incapable de trouver en elle des sentiments capables de faire écho. Shizuru n’avait pas le droit de lui avoir imposé toute cette passion aussi brutalement.

- Et puis il s’est passé tellement de choses ces derniers mois qu’on a peut-être besoin de prendre un peu de recul. Alors, voilà. Je me dis que c’est peut-être mieux si je ne l’appelle pas et si je laisse les choses se tasser entre nous…

Shizuru souffrait par sa faute et elle ne pouvait rien faire pour changer ça.
L’ancienne présidente l’avait mise face à sa propre insensibilité sans aucun ménagement. À chaque fois que Natsuki la regardait, elle voyait dans ses yeux cette myriade de sentiments qu’elle ne pouvait pas éprouver. Comme un reproche perpétuel, le rappel incessant qu’elle avait un cœur de pierre.

- Ça a l’air de te tracasser…s’étonna Mai.

- Évidemment, grogna Natsuki, soudain renfrognée. C’est à cause de moi si elle ne va pas bien. Et je crois qu’elle m’en veut aussi…

En fait, elle en était sûre. Allait-elle perdre Shizuru pour de bon ? Cette pensée l’effleura et elle la repoussa fermement en tâchant de se convaincre que si ça devait arriver, au moins elle n’aurait plus ce sentiment de responsabilité et de culpabilité à supporter. Peut-être pourrait-elle mieux gérer la rancœur de son amie que sa souffrance.

- Je me demande vraiment comment vous me voyez…entre toi maintenant et Midori qui a pété un câble l’autre jour…fit-elle, vexée par la question de Mai et le ton surpris qu’elle avait employé.

Mai se gratta la joue avec un petit rire nerveux, sans relever son allusion à sa dispute avec l’exubérante enseignante.

- Eh bien…tu ne parles pas beaucoup de toi, tu sais. C’est difficile d’imaginer ce que tu peux ressentir et des fois on a l’impression que rien ne t’atteint. Alors...peut-être que parfois on tire de mauvaises conclusions à ton sujet.

Natsuki arqua un sourcil.

- Si tu le dis…ça doit être vrai, annonça-t-elle en haussant une épaule.

La solitaire se fichait de ce que l’on puisse penser d’elle, mais l’idée que ses rares amies aient une image aussi froide d’elle en tête la froissait. Mais après tout, elle ne pouvait probablement s’en prendre qu’à elle-même, constata-t-elle avec une amertume nouvelle.
Était-elle désespérante à ce point ? Est-ce que tout le monde la voyait de cette façon, assez glaciale pour rester indifférente à la détresse des autres ?

- Je demande comment c’est, chez elle, à Kyoto, fit Mai tout haut, sans se rendre compte de son trouble. Elle doit avoir une maison immense et…

- Tu parles de Shizuru ? l’interrompit Natsuki, effarée. Oh non…me dis pas que tu crois à ces espèces de légendes de couloirs !

- Comment ça ?

- Shizuru, une baraque pleine de domestiques, une limousine et de l’argent à balancer par les fenêtres…tout ce cirque-là, résuma Natsuki avec un geste dédaigneux.

Mai la regardait sans comprendre.

- Ce n’est pas le cas ?

- Absolument pas ! s’esclaffa Natsuki. Elle doit être dans une chambre étudiante, rien de très extravagant…

- Ce n’est pas possible…

- Pourquoi ? s’étonna la solitaire, comme si c’était l’idée la plus saugrenue du monde.

- Une impression générale…tiens, rien que pour tout ce qui concerne la cérémonie du thé, par exemple. Apprendre ce genre de choses coûte une fortune, tu sais ?

- Pas faux, admit Natsuki. Peut-être que quand elle était plus jeune sa famille avait les moyens de s’offrir ce genre de choses. Mais je peux t’assurer que ça ne doit pas être le cas, maintenant.

- Possible, mais elle est…je sais pas moi…aristocratique, déclara Mai. Enfin c’est comme ça que je la vois. Pas toi ?

Natsuki réfléchit un instant.

- En toute franchise, je me fichais complètement de ce genre de détails quand je l’ai rencontrée, donc ça ne m’a pas particulièrement marquée.

Mai leva les yeux au ciel, sidérée. Natsuki devait vraiment vivre dans sa bulle à cette époque.
Chie lui avait dit un jour qu’elle n’avait jamais osé l’approcher quand elle était au collège.
Natsuki était réputée pour être un vrai chat sauvage, une gamine perpétuellement en colère contre la terre entière.

Aujourd’hui encore cette réputation la suivait de près. Même Mai ne savait pas toujours comment s’y prendre avec elle, bien qu’elle fasse partie de son cercle d’amis proches.

Quant à Natsuki, elle n’avait jamais vu Shizuru de la même façon que les autres élèves.
Lorsqu’elle cherchait à venger sa mère, elle avait pris la manie de se renseigner sur tout. La solitaire était très au fait de tout ce qui pouvait se passer à Fuuka mais écartait systématiquement tout ce qui tombait dans la catégorie potins sans fondement. Elle savait donc que Shizuru était l’idole du lycée mais l’allure de son compte en banque ne l’intéressait pas le moins du monde. Finalement, elle ne prenait jamais le temps de se forger une opinion sur les autres tant que cela ne lui était pas utile.

C’était sans doute pour cette raison que Shizuru ne lui avait jamais renvoyé cette image de fille intouchable et au-dessus du commun des mortels que tant de gens s’imaginaient.
Peut-être aussi parce qu’elle avait abordé Natsuki la première fois comme si c’était la chose la plus naturelle au monde.

- Shizuru a beaucoup d’élégance, mais ça ne veut pas dire qu’elle roule sur l’or. Regarde-moi, est-ce que tu croirais que ma mère m’a légué une petite fortune en me regardant comme ça, au premier coup d’œil ?

Mai considéra Natsuki et cette remarque toute simple pleine de sagesse, avant d’éclater de rire.

- Tu n’étais pas obligée de rigoler, maugréa Natsuki, un peu vexée.

- C’est juste que je n’avais jamais pensé à regarder les choses sous cet angle, sourit Mai. Avec tout ce qui se disait sur elle…Je suppose que ses parents ne sont pas PDG d’une multinationale ?

- En effet. Shizuru n’a pas de père en fait, elle ne le connaît pas.

- C’est vrai ? Ça alors…et sa mère, elle fait quoi ?

- Je ne sais pas trop, avoua Natsuki. On parlait très peu de nos familles. Je sais qu’elle s’entendait très bien avec son cousin mais c’est à peu près tout.

La seule fois où elle lui avait demandé dans quoi travaillait sa mère, Shizuru avait habilement esquivé la question et Natsuki n’avait pas insisté.
Les histoires de famille étaient loin d’être son sujet de discussion favori et elle ne comptait pas forcer Shizuru si son amie ne voulait pas donner de détails.
En y repensant, elle se dit qu’elle aurait peut-être dû insister un peu. Peut-être que ça lui aurait fait plaisir, finalement.

- Je vois, fit Mai, désarçonnée.

La relation que pouvaient partager ces filles était vraiment étrange. Même si elles donnaient l’impression de bien se connaitre, ça ne les avait pas empêchées d’entretenir entre elles certaines zones d’ombre sur des sujets élémentaires de leurs vies.

Natsuki jeta un coup d’œil à l’heure indiquée par son téléphone.

- Je vais te laisser, il faut que j’aille rejoindre Alyssa. Je ne veux pas la laisser seule trop longtemps et j’aimerais dire deux mots à Midori avant, marmonna-t-elle.

- Il s’est passé quelque chose ?

- Non. Faut juste qu’on parle d’un truc.

Natsuki n’avait aucune envie de la mettre au courant de leur petit accrochage devant son immeuble, le jour de la mort de Miyu. Leur dispute lui laissait un goût d’inachevé et elle avait besoin d’aborder le sujet une nouvelle fois afin de s’expliquer et faire en sorte qu’elles ne restent pas sur un malentendu.

- Appelle-moi si tu as un souci avec Alyssa…pour la cuisine ou autre chose, insista Mai.

- Merci, j’y penserais ! Bonne soirée !

Natsuki fut devant la salle des professeurs en quelques minutes. À cette heure, les enseignants étaient nombreux à quitter l’Académie. La plupart ralentirent le pas en apercevant sa silhouette nonchalamment appuyée contre le mur, surpris de la voir à cet endroit.
Les allers et venues se firent de moins en moins fréquents et la solitaire commençait à se demander si elle n’avait pas manqué l’apprentie archéologue.

- Si t’attends Midori, tu peux y passer la soirée, tu sais, lança une voix sarcastique.

Natsuki releva la tête et se retrouva nez à nez avec le sourire railleur de Nao Yuuki.

- Elle n’est pas venue, aujourd’hui ? demanda Natsuki sans s’étonner.

Midori était tellement anéantie la veille que ça n’aurait pas été surprenant.

- Oh si…elle aurait dû s’abstenir, d’ailleurs…vu l’état dans lequel je l’ai ramassée hier soir, elle doit avoir une sacrée gueule de bois.

Natsuki fit la grimace en imaginant la scène.

- Il paraît qu’elle a lâché sa classe une demi-heure plus tôt. Elle doit être chez elle en train de dormir.

Nao maniait toujours les mots avec légèreté, mais toute moquerie avait déserté le ton qu’elle avait employé. Pour en avoir fait les frais plusieurs fois, Natsuki voyait clairement que l’ironie de Nao n’était qu’un simple verni.
Malgré tous leurs différends, il avait suffit d’une soirée bien arrosée pour briser le rempart de rancœur qu’elles avaient dressées l’une envers l’autre. Au fil des mois qui suivirent, elles réussirent même à tisser un semblant d’entente : la folie du Festival avait l’allure éthérée d’un mauvais rêve et l’une comme l’autre avaient autre chose à faire de leur temps que cultiver une rancune qui n’avait plus lieu d’être.

- C’est moche ce qui est arrivé à Miyu. Cette fille était bizarre, mais elle laissait les gens vivre sans leur prendre la tête. Enfin…au moins, bien joué pour ton engueulade avec Midori hier, au moins ça a eu le mérite de lui changer les idées pendant une bonne partie de la soirée.

- C’était pas volontaire, grommela Natsuki. Je voulais la voir à ce sujet, justement.

- Ça peut attendre, tu sais, je crois qu’elle n’est pas dans son assiette-là…Et puis, fais gaffe à ce que tu lui diras, on ne sait jamais.

- Elle t’as raconté ?

- Oui. Et d’ailleurs...t’aurais pu mettre des gants, ç’aurait pas été plus mal.

Natsuki eut l’air abasourdi.

- Mais pourquoi ? J’ai même pas pu en placer une ! Et elle…alors que…

Nao l’interrompit calmement d’un geste.

- Écoute ma vieille…je crois que je comprends très bien ce que tu voulais dire…

- Mais non, c’est que…évidemment, jamais j’aurais laissé tomber Alyssa !

Natsuki voulait pouvoir s’expliquer clairement. L’énervement qu’elle éprouvait en repensant à la discussion de la veille l’aiguillonna à nouveau et elle se refusa d’écouter ce qu’avait à dire Nao tant qu’elle n’avait pas enfin défendu son point de vue une bonne fois pour toutes.

- C’est juste que ça m’a pris de court…tu m’as vue, moi ? Tu m’imagines réconforter Alyssa après ce qui venait d’arriver à Miyu ? On a jamais été proches et je…j’avais aucune idée de la façon dont je pouvais m’y prendre, je ne voulais pas qu’elle se sente encore plus mal chez moi !

Nao s’était tue et l’écoutait sans broncher, résignée à la laisser continuer jusqu’au bout.

- Quand Midori m’a annoncé ça comme ça je… j’ai un peu paniqué, c’est tout ! J’ai pas pu fermer l’œil de la nuit, Alyssa était inconsolable hier et j’ai rien pu faire…

Les mots moururent et Natsuki soupira, incapable d’avouer que la mort des autres la terrifiait et qu’elle savait qu’elle ne pourrait jamais être d’un grand réconfort pour Alyssa.

- C’est pour ça que je croyais qu’elle serait mieux avec quelqu’un qui la connaissait mieux et saurait bien prendre soin d’elle…

- Ouais…mais c’est pas comme ça que ça se passe, dans la vraie vie, marmonna Nao.

Natsuki la regarda sans comprendre.

- Tu ne t’es pas dit que Midori ressentait la même chose ? Non, en fait ce n’est même pas ça, le problème…Midori a craqué parce qu’elle n’a pas vu quel était le soucis pour toi. Parce que dans sa tête tu es la sœur d’Alyssa et que tu devais t’en charger, tout simplement. Peu importe ce que tu ressentes là-dessus, que t’aies les jetons ou je sais pas quoi. Et de ce côté, je suis totalement d’accord avec elle.

- Mais…

- Et même si la vie de famille ça te dit rien, essaie de comprendre un peu la situation, enchaîna Nao. Tu crois vraiment que Midori était en état de faire de la psychanalyse quand tu lui as sortie ça ?

A croire que dans la tête de Natsuki, la prof aurait dû prendre le temps de s’interroger sur sa réaction et lui laisser le temps de s’expliquer. Comme si à ce moment précis, la jeune femme se souciait que Natsuki soit terrorisée à ce point par la mort et par ses conséquences.

- Tout le monde n’est pas fasciné en permanence par ton cas, lâcha finalement Nao, le plus sérieusement du monde. Peut-être que des gens comme Mai ou Shizuru vont prendre la peine de se pencher sur ce que tu peux ressentir et te chercher des excuses…qui peuvent être justifiées d’ailleurs, admit-elle avec indulgence. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde, fit-elle en secouant lentement la tête. Et ça ne peut pas durer éternellement, non plus.

Nao ne se voulait ni blessante, ni désagréable. Elle n’était même pas énervée ou sarcastique. Elle parlait simplement avec sa franchise habituelle. Si Natsuki ne voyait pas où était le problème, c’était un aspect des choses qui lui paraissait très clair. Elle n’avait pas l’habitude de maquiller la vérité quand on lui demandait son point de vue.

- Midori a agi comme ça. Au premier degré. Compte tenu des circonstances, tu ne peux pas lui en vouloir, conclut-elle.

Natsuki était estomaquée.
Avant qu’elle ne rencontre Shizuru, elle ne s’était jamais liée avec autant de personnes. Ses allures de solitaire avaient empêché la plupart des gens de lui faire la moindre remarque désagréable. Si jamais cela devait se produire, Natsuki n’en avait strictement rien à faire et écoutait à peine ce que la personne en question avait à lui dire.
Avec Midori, c’était différent. Elle s’était faite malmener et en ressentait un affront personnel. Et Nao venait de lui expliquer calmement que ce n’était finalement qu’une preuve d’égoïsme de sa part.

- Elle m’a traitée comme la pire des enfoirées, gronda Natsuki, avec moins de hargne qu’elle ne l’aurait voulu.

- Tu sais, je vois où tu veux en venir, avec Alyssa…ça n’a pas dû être facile pour toi. On est un peu pareille, après tout, avoua Nao, et je crois que je peux imaginer ce que tu as pu ressentir. Mais essaye de comprendre ce qui se passe dans la tête des autres, aussi.

Nao rajusta son sac sur son épaule et rejeta une mèche de cheveux fuchsia en arrière. Se soucier d’autrui n’était pas un concept bien intégré par Natsuki, songea-t-elle. La solitaire avait davantage l’habitude que ce soit l’inverse, sans même le réaliser. Ce n’était pas surprenant si on considérait la façon dont tout le monde l’avait délaissée après son accident : Natsuki avait fini de grandir seule et n’avait probablement pas pris le temps de constater qu’avec les années, des gens étaient apparus pour veiller sur elle. Il était temps qu’elle s’en rende compte et apprenne à renvoyer l’ascenseur, pensa la collégienne.

- Et les autres ne sont pas devins non plus. Même si tu as les meilleures intentions du monde, que tu veux simplement être certaine qu’Alyssa soit entre de bonnes mains…tant que tu ne le dis pas, on ne peut pas le deviner. C’est bien que tu aies voulu en parler avec Midori mais tu aurais dû présenter les choses autrement. C’était pas à elle de t’arracher des explications, hein.

Natsuki était devenue terriblement silencieuse. Quand elle parla de nouveau, sa voix n’était plus aussi animée.

- Je vois…okay.

Jamais elle n’aurait cru que Nao lui donnerait un jour un cour sur le comportement social. Malgré toute son indignation de la veille, Natsuki trouvait ses mots terriblement justes. Elle n’avait pas vu les choses de cette façon.

- Le prends pas mal, hein, fit Nao pour alléger l’ambiance. De toute façon, les choses vont s’arranger avec Midori, je me fais pas de soucis pour ça.

- Je… J’arrive pas à croire que ce soit toi qui viennes de me faire la leçon, balbutia Natsuki, éberluée.

- Faut bien que quelqu’un le fasse, crâne d’œuf, lâchât Nao avec un large sourire. Mai est trop sympa avec toi pour s’en charger alors je me coltine le boulot !

Elle rit de bon cœur en voyant l’expression sidérée de Natsuki. La solitaire était trop surprise de se faire sermonner par la sale gosse du lycée pour être vexée.
Nao était ravie de son petit effet.

- Réfléchi pas trop là-dessus, tu vas te faire mal, dit-elle, magnanime.

Natsuki lui lança un regard étincelant avant de comprendre que Nao la taquinait, les yeux pétillants d’amusement.

- Casse-toi avant que je te fasse avouer que t’as répété tout ça devant ta glace, menaça-t-elle sur le même ton.

- Ah, ça fait plaisir de te revoir, Natsuki-chan, lança Nao, crânement. Je te laisse, à la prochaine !

Natsuki la regarda s’éloigner d’un pas léger. Généralement, discuter avec Nao était aussi excitant que boire trente-six tasses de café coups sur coups. Elles avaient définitivement enterré la hache de guerre, mais les chamailleries restaient leur sport favori et elles s’en donnaient à cœur joie. Pourtant, cette fois, la collégienne lui avait cloué le bec. Sans même puiser dans son répertoire de moqueries.

La solitaire se dirigea vers la sortie de l’Académie en se disant que sa sœur avait besoin d’elle et que sa discussion avec Midori pouvait attendre.

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Dernière édition par Miyaki le Jeu Déc 04, 2008 10:47 pm; édité 2 fois
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Titange
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MessagePosté le: Mar Déc 02, 2008 1:03 am    Sujet du message: Répondre en citant

<_<

Non mais...

Spoiler:

Ma pauvre Natsuki quoi XD... elle se fait rembarrer par tout le monde XD...
1. Shizuru se barre
2. Elle apprend qu'Alyssa est sa soeur
3. Miyu meurt..
Et genre ça suffit pas, après s'être faite beugler dessus par Midori, elle se fait morigéner par Nao...
Ca va pas du tout enfin Laughing

Je blague. J'aime bien ton p'tit développement Natsukien. On entre dans le personnage, elle est prête pour une évolution...


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Keisha
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MessagePosté le: Mer Déc 03, 2008 12:13 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Devoir accompli !!! J'ai lu le dernier chp (j'avais lu l'autre aussi mais le com a du me passer au-dessus XD)
Spoiler:


Ben ma foi, après un chp classé "action" avec Yakuza et tout (qui était très bien au passage, et tu es bien renseignée dis-moi, va falloir que je me méfie lol), le chp centré sur Natsuki, plus psychologique est le bienvenu. Enfin perso j'aime bien les ruptures de ryhmes lol

Puis t'as bien géré l'ambiance, une première partie "sentimentale", avec une Natsuki limite fragile qui commence à se confier à une Mai bien gênée de voir son amie ainsi, et une seconde partie avec Nao qui lui vole dans les plumes, un peu plus comment dire, je sais pas, agressive que la première partie. C'est plutôt une bonne chose car autant les passages sur Natsuki qui s'ouvre à une Mai très compréhensive c'est toujours intéressant, mais point trop n'en faut, et l'arrivée de Nao était plutôt bien vue, ça aurait pu devenir un peu lassant peut etre tout un chp rien qu'entre Mai et Natsuki.
J'adore Nao :p



Bref, que dire sinon, continue XD

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Miyaki
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MessagePosté le: Jeu Déc 04, 2008 2:09 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Titange: t'inquiète hein, j'aime bien Natsuki quand même, hein XD
Mais voilà, comme tu dis, elle va pouvoir évoluer et changer les choses...

Kesha: Les yakuza j'ai du bosser un peu dessus en cours de com' (lol, oui je sais, quel sujet Laughing) donc ça m'a un peu aidé...ceci dit, je fais de beaux écart avec la réalité aussi ^^; il sont discrets ces yakuza, mine de rien...

Merci des commentaires ^^

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Kohei
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MessagePosté le: Jeu Déc 04, 2008 8:49 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Le truc qu'est pas pratique, c'est que je t'ai déjà dit ce que je pensais de ton chapitre... je sais jamais quoi dire après

Spoiler:

Pour Kesha et Titange, parce que Miyaki sait déjà ^^", j'ai adoré la discuss' entre Mai et Natsu Twisted Evil
Mai avait déjà mis dans le mille, avec sa remarque à la plage avant d'aller braquer le First District, mais là maintenant qu'elle sait qu'il y a une fille, Shizuru qui plus est, amoureuse de Natsu, lol, elle ne risque pas de perdre le vue de potentiel couple qu'il y à la clef Laughing

Hum là seule chose Miyaki, oui j'ai vu tes dernières "p'tites modif"... tu m'as juste rajouté une faute à chaque nouveau mot... Rolling Eyes
A pi j'ai vérifié que tu n'avais pas mis Nao en rouquine au dernier moment, lol...



( HS : ça n'a rien à faire là, mais qui c'est qui a autant nourri Titange et Miyaki ?? Hier, ils étaient encore au niveau 2 !! )

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Miyaki
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MessagePosté le: Jeu Déc 04, 2008 9:17 pm    Sujet du message: Répondre en citant

ah ? ^^;
my bad ^^; ^^;

Je vais reprendre ça...discrètement...^^;
Spoiler:

C'est la dernière fois que je fais des modifs de dernières minutes passées minuit ^^;
(Question existentiel: avoir une beta-readeuse vous pousse-t-il au laxisme orthographique ???)
C'est juste qu'en relisant j'avais l'impression que Natsuki sortait des phrases un poil trop exubérantes parfois...arf XD
Pour les cheveux de Nao, j'ai failli me mélanger les pinceaux quand j'ai voulu appliquer les corrections alors que j'avais 2 versions différentes du texte sous les yeux ^^;



Citation:
( HS : ça n'a rien à faire là, mais qui c'est qui a autant nourri Titange et Miyaki ?? Hier, ils étaient encore au niveau 2 !! )

Quand cette phrase sera prise hors-contexte, plus tard, lorsque tu auras changé de signature, ça risque d'être bien drôle Laughing

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Miyaki
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MessagePosté le: Ven Déc 19, 2008 12:05 am    Sujet du message: Répondre en citant

Il s’en est fallu de peu mais finalement, ce chapitre a pu être publié pile poil pour « l’anniversaire » de Shizuru. Tant qu’à faire, autant marquer le coup, pour notre buveuse de thé favorite, hein ?
Tout d’abord, quelques mots de vocabulaire pour mieux s’y retrouver dans ce chapitre :

Honke/Bunke : Désigne respectivement les branches principales et secondaires d’une famille. On peut y voir une sorte de hiérarchie au sein d’une famille mais ces termes sont moins d’actualité de nos jours.

Kumi-in : Littéralement l’homme engagé. Ce terme désigne une personne extérieure au clan qui a un simple rôle d’exécutif. Si cette personne s’en montre digne, elle pourra par la suite intégrer les rangs de l’organisation.

Kyodaï : Les grands frères. Sorte de lieutenant dans la hiérarchie des yakuza, ils constituent un rang intermédiaire avec les échelons inférieurs (constitués par les Shateï, « petits frères »).

Ninkyôdô : Littéralement, la voix chevaleresque. Il s’agit du code d’honneur des yakuza qui comporte 9 règles :

1) Tu n'offenseras pas les bons citoyens
2) Tu ne prendras pas la femme du voisin
3) Tu ne voleras pas l'organisation
4) Tu ne te drogueras pas
5) Tu devras obéissance et respect à ton supérieur
6) Tu accepteras de mourir pour le père ou de faire de la prison pour lui
7) Tu ne devras parler du groupe à quiconque
Cool En prison tu ne diras rien
9) Il n'est pas permis de tuer un katagari (personne ne faisant pas partie de la pègre)

Inutile de préciser que ce code est de moins en moins appliqué et peu de clans suivent encore cette éthique, particulièrement en ce qui concerne la dernière règle…
D’autres notes sont en fin de chapitre, histoire de ne pas spoiler tout de suite la suite du texte !

Et maintenant, où en étions-nous…


____________________________________________

La semaine s’annonçait catastrophique. Shizuru ne s’était jamais imaginée que ses cours à l’université lui demanderaient tant de travail. Voilà à peine dix jours qu’elle était rentrée et déjà exercices, polycopiés et notes de cours s’amoncelaient sur son bureau. Seiko avait passé une partie du lundi soir à paniquer complètement et même Hideki était sorti de classe l’air peu rassuré.

Shizuru, de son côté, avait pris les choses avec un calme olympien. Elle avait passé les deux dernières soirées enfermée dans sa chambre mais ce qu’elle étudiait n’avait rien à voir avec les mathématique ou la physique : elle avait soigneusement épluché les dossiers de l’inspecteur Nagoshi et mené quelques enquêtes complémentaires. La seule chose qui lui paraissait évidente était que ses chances de survie dans cette histoire étaient désespérément minces.

Si je dois mourir avant la fin de la semaine, je suppose que ce n’est pas la peine de s’inquiéter si mon travail prend du retard, songea-t-elle avec un regard en biais sur ses classeurs, avant de piocher une autre liasse de papiers relatant l’épopée sanglante d’un jeune clan boryokudan et se replonger dans ses lectures.

Les Gurentai. Le gang qui intéressait les forces de police n’avait rien d’une bande de saints. On leur attribuait une demi-douzaine d’assassinats sur des officiels et d’autres yakuza, sans avoir pu le prouver. Un autre document détaillait leurs activités, parmi lesquelles le trafic d’armes figurait en tête de liste, talonné par le trafic de drogues.
Une autre pile de feuilles soigneusement agrafées rassemblait des informations sur le Fujino-kai, le clan de sa famille. Shizuru constata sans trop s’étonner que le nom de son cousin, Kenjiro, figurait dans la liste des individus suspectés d’être des yakuza. Elle vérifia attentivement les autres noms et ne vit pas le sien.

Finalement, la jeune femme avait relu attentivement le testament original de son grand-père. Quelque chose clochait. Son existence était trop insignifiante aux yeux du vieil homme pour qu’il lui ait légué le moindre yen. Et alors qu’elle examinait le document, un détail lui sauta aux yeux.
Elle avait finalement compris ce qui avait dû se passer...
_________________________________________________________

Shizuru traversa la rue et se retrouva sur la place. Elle parcourut les environs du regard, cherchant parmi les gens massés près de la camionnette d’un marchand de glaces ou assis sur les bancs.
Un homme d’une vingtaine d’années avait pris place sur le rebord de la fontaine centrale. Il était vêtu d’un costume impeccable, bien différent du jean troué qu’il portait le jour de son départ mais Shizuru le reconnut aussitôt.

- Kenjiro !

L’homme releva la tête et son visage se fendit d’un large sourire.

- Voyez-vous ça ! Tu as bien grandi depuis la dernière fois que je t’ai vu ! Lança-t-il, réjoui, en avalant la distance qui les séparait de ses grandes enjambées.

Shizuru fit mine de s’incliner pour le saluer mais il la prit par les épaules et la serra brièvement contre lui.

- Allons, depuis quand es-tu aussi formelle avec moi, Hime-chan ? Dit-il en riant.

- Excuse-moi…ça fait tellement longtemps que je ne t’ai pas vu. Tu es tellement élégant que je n’ai pas pu m’en empêcher, expliqua-t-elle avec un sourire radieux.

Kenjiro avait gagné en prestance mais sa gentillesse n’avait pas changée. Sa présence était aussi chaleureuse que lorsqu’ils s’étaient quittés. Comment avait-elle pu être aussi inquiète lorsqu’elle l’avait appelé la semaine dernière ?

- Superbe, hein ? Déclara-il en pivotant sur lui-même, très fier, pour lui faire admirer son costume. Allez, viens, je connais un restaurant fabuleux dans le quartier !

Shizuru se laissa entrainer par son cousin, gagnée par son enthousiasme alors qu’il se lançait dans le récit d’une de ses dernières mésaventures.

__________________________________________________

- Tu aurais dû voir sa tête, c’était impayable, conclut Kenjiro avant de vider son verre d’un trait.

Shizuru avait passé une bonne partie du repas à rire, ses soucis de la veille oubliés. Elle aurait donné cher pour que les choses puissent continuer ainsi : évoquer des souvenirs avec Kenjiro, parler de ses études, se concerter plus longtemps au sujet de sa mère et l’écouter raconter toutes ses histoires avec une telle joie de vivre.
Dire que la semaine dernière mes principaux soucis consistaient à remplir des papiers administratifs et me poser des questions existentielles en regardant mon téléphone…j’ai été bien naïve, songea Shizuru en faisant tourner l’eau dans son verre.

C’est la mort dans l’âme qu’elle résolut de mettre fin à cette discussion. Shizuru y avait beaucoup réfléchi et bien qu’elle ait cette idée en horreur, Kenjiro était la seule personne qui puisse l’aider à parvenir à ses fins. Après avoir pesé le pour et le contre, la jeune fille avait renoncé à avouer à son cousin qu’elle était un pion dans une opération policière. Moins il en saurait, mieux il pourrait se protéger si les choses venaient à mal tourner.

- Il paraît que Grand-père est mort ? Demanda-t-elle doucement.

Kenjiro écarquilla les yeux avant de prendre un air désolé.

- En effet. J’aurais dû savoir que tu serais vite mise au courant.

- Oui, en fait…

Shizuru se pencha pour chercher quelque chose dans son sac.

- J’ai reçu ça, en début de semaine, déclara-t-elle en tendant le testament à Kenjiro.

- Je vois. Évidemment, murmura le jeune homme. J’ai été stupide. Je m’excuse de ne pas avoir pu t’en parler plus tôt. En vérité, je comptais le faire aujourd’hui mais je n’avais pas envie de plomber nos retrouvailles tout de suite.

Il avait l’air sincèrement navré. Shizuru réalisa avec un certain malaise que c’était exactement la réaction à laquelle elle s’attendait…et celle qu’elle espérait.

- C’est ce que je pensais. J’espérais que tu puisses m’en dire un peu plus. En toute franchise, ça ne me rassure pas vraiment.

Kenjiro joignit les mains devant lui, l’air soucieux. Tant d’événements entraient en jeu qu’il ne savait pas de quelle façon aborder le sujet. Toutefois, la jeune femme coupa court à ses réflexions en lui demandant, simplement :

- Est-ce que Grand-père voulait t’adopter ?

Le jeune homme arqua un sourcil avant de se rappeler à qui il avait affaire. Comment avait-il pu oublier qu’aucun détail n’échappait jamais à sa cousine ?

- Ravi de voir que ta vivacité d’esprit n’a pas changé, Hime-chan, fit-il avec amusement, une lueur de fierté dans le regard. Comment as-tu deviné ?

Shizuru lui prit le testament des mains et le plaça à côté de la lettre du notaire que lui avait remis l’inspecteur Nagoshi.

- Simplement parce que dans le testament original, grand-père désigne son héritier comme « le plus âgé et le plus apte de la famille principale ». Et, soyons honnête, je doute qu’il se souciait assez de moi pour me léguer le moindre yen ! La façon dont il a formulé les choses est assez vague pour suggèrer qu’il pensait à quelqu’un d’autre que moi quand il a rédigé ça.

Kenjiro hocha sombrement la tête.

- C’est en effet ce qu’il s’est passé. Grand-père voulait m’adopter, de façon à faire de moi son héritier direct et m’apporter un statut qui soit le plus légitime possible. C’est pour ça qu’il n’a cité aucun nom précis. Seulement, il est mort avant que les démarches n’aient abouti…et tu es donc prioritaire par rapport à moi sur l’héritage, d’après les notaires, conclut-il en survolant des yeux la lettre formelle où le nom de sa cousine apparaissait clairement. Tu es de la honke, après tout, déclara-t-il d’un ton sentencieux.

Shizuru se retint de lever les yeux au ciel. Si ce genre de termes convenait aux notaires ou à son cousin, elle trouvait ce distinguo entre les deux branches de la famille parfaitement ridicule.

Tant de complications alors que nous ne sommes plus que trois à porter le nom de Fujino !

Son cousin était mal-à-l’aise. Le pli soucieux qui barrait son front offrait un beau contraste avec le visage insouciant qu’il présentait quelques minutes auparavant.
Shizuru le regarda faire rouler ses baguettes entre ses doigts. Une manie qui apparaissait dès qu’il était nerveux. Elle sut alors qu’elle avait vu juste et que la situation était extrêmement simple.

- Est-ce que…mes jours sont en danger ?

Kenjiro la regarda et soutint son regard sans broncher, ses yeux bruns rivés aux siens. Encore une fois, elle avait mis dans le mille.

- Je ne laisserais jamais personne te faire du mal. Jamais, martela-t-il.

Shizuru sourit.

- Qu’en pensent tes collaborateurs ?

Kenjiro pinça les lèvres.

- Beaucoup de mal, en vérité. Grand-père te lègue une véritable fortune et perdre tout ça serait un coup dur pour le Fujino-kai.

- Ara.

- Ce n’est pas drôle, pesta Kenjiro.

Il semblait furieux. Furieux et impuissant.

- J’imagine que je ne peux pas renoncer à mes droits là-dessus...

- Tu ne peux pas renoncer. Grand-père exclut tout le monde de son testament, mis à part son successeur direct. Si tu refuses ses biens, c’est l’Etat qui récupère tout. Laisse-moi te dire que ça revient à te tirer une balle dans la tête.

- Pourquoi ne m’a-t-il pas tout simplement déshéritée ?

Kenjiro haussa un sourcil.

- On ne déshérite pas les gens comme ça, c’est une sacrée procédure. Surtout quand de telles sommes sont en jeu. Surtout dans un milieu comme le notre. Il était beaucoup plus facile et discret d’adopter un nouvel héritier plutôt que de te renier. En plus, cela permettait de m’incorporer à la honke et me donner toute la légitimité pour lui succéder dans tous les domaines. Ce n’était pas forcément indispensable vis-à-vis de l’organisation mais Grand-père y tenait.

- Je vois, fit Shizuru.

Le vieil homme appréciait beaucoup Kenjiro. Il n’était pas si étonnant qu’il ait voulu lui témoigner son estime en cherchant à l’inclure dans la famille principale.

D'autre part, son cousin ne l’avait dit qu’à demi-mot mais il suggérait clairement qu’il allait prendre la tête du Fujino-kai.
Ce détail était tout aussi capital : un simple yakuza ne serait pas en mesure de laisser une femme intégrer les rangs d’un clan. Mais s’il s’agissait d’un membre influent de l’organisation, alors peut-être…
Shizuru se redressa, s’efforçant de rester cette personne calculatrice et détachée qu’elle avait besoin d’être maintenant. Elle ne pouvait pas laisser l’affection qu’elle éprouvait pour son cousin la distraire. Il lui suffisait de quelques mots pour régler cette conversation odieuse.

Ara, Nagoshi-san, aviez-vous pensé à tout ça quand vous avez déclaré que j’avais toutes les cartes en main pour réussir ?

En y repensant, l’inspecteur avait probablement menti quand il lui avait annoncé qu’il ignorait pourquoi elle avait hérité. Peut-être souhaitait-il la tester et voir ce qu’elle connaissait de la situation du Fujino-kai pour savoir dans quelle mesure elle pouvait être manipulée.C’était un concours de circonstances idéal : Shizuru, prise entre les feux des yakuza et de la justice, avec un cousin aimant prêt à tout pour l’aider…elle était vraiment la candidate parfaite.

- Pour l’instant, mon autorité et le Ninkyôdô te protègent mais…

Le Ninkyôdô, le fameux code des yakuza, la voie chevaleresque. Kenjiro n’avait pas changé. Malgré tout ce temps au contact de la pègre, il respectait encore scrupuleusement ces règles. C’était tout à son honneur mais ça ne suffirait pas à sauver la vie de Shizuru. Le Ninkyôdô n’était qu’une relique pour la plupart des yakuza, lui-même en était conscient.

- Les démarches d’adoption ne sont pas abandonnées, puisqu’elles ont eu lieu avant la mort de Grand-père, plaida-t-il. Je peux encore être reconnu comme le successeur légitime. A ce moment-là, il te suffira de renoncer à ton héritage et tu seras hors de danger.

Shizuru eut un triste sourire.

- Je serais morte d’ici là, Kenjiro. Si je disparais, les notions de bunke et honke perdent tout leur sens et rien ne t’empêchera d’hériter.

Son cousin resta silencieux.
Il savait pertinemment que Shizuru avait raison et qu’il ne pouvait plus espérer gagner du temps. Un des membres du clan finirait par perdre patience et alors Shizuru serait la proie des assassins.

- Est-ce que…

Sa cousine s’interrompit, comme si elle mesurait ce qu’elle s’apprêtait à dire. Kenjiro fit un geste d’encouragement pour lui signifier d’aller jusqu’au bout de ses pensées.

- Si tu as une question ou une idée, n’hésite pas.

- Est-ce qu’il serait possible de m’intégrer parmi tes collaborateurs ? Demanda finalement sa cousine. Comme un associé ou quelque chose du même genre ?

Kenjiro la considéra un instant et son regard trahit sa surprise. La résignation lui fit baisser les yeux aussi vite lorsqu’il réalisa que sa cousine n’aurait jamais dit une telle chose à la légère et qu’elle avait pesé chaque mot.

- C’est une idée périlleuse.

- Je sais. Je suis consciente des risques.

- Je n’en doute pas, l’interrompit Kenjiro. Mais je ne pensais pas que tu aborderais toi-même ce sujet.

Il aurait été idiot et insultant de croire que la jeune femme ne connaissait pas aussi bien que lui les dangers que représentait le monde des yakuza : Shizuru savait parfaitement de quoi elle parlait.

- En vérité, je ne te cacherais pas que j’avais envisagé cette possibilité, déclara-t-il simplement.

- Cela me protègerait-il ?

Kenjiro plissa les lèvres en un sourire désabusé et laissa échapper un rire amer.

- Te protéger…Eh bien, je ne suis pas sûr que t’associer avec les yakuza soit le meilleur moyen de te laisser vivre une petite vie joyeuse et sans histoire. Sans compter que les cas où des femmes ont officiellement intégré nos rangs sont rarissimes…depuis quand réfléchis-tu à tout ça ? Demanda-t-il brusquement, l’air inquiet.

Il ne pouvait pas croire que l’idée que lui suggérait Shizuru lui était venue au cours de la discussion. Kenjiro connaissait et comprenait parfaitement l’aversion de la jeune fille pour le milieu de la pègre. Il ne faisait aucun doute que sa cousine saisissait la gravité de la situation et avait envisagé même les pires possibilités pour se sortir de ce guêpier, avant de retenir cette « solution ».

- Disons peu de temps après avoir reçu cette lettre, inventa Shizuru. J’ai compris ce qu’il se passait et j’ai…envisagé des options.

- Je suis sincèrement désolé.

- Tu n’y es pour rien.

Sa voix posée n’avait trahie aucun trouble. Il décela juste une pointe de regret sous la l’affirmation portée par cette simple phrase. Kenjiro prit le temps de considérer sa cousine et son air tranquille. Il n’arrivait pas à savoir d’où lui venait une telle résignation mais son sang-froid face à la situation l’impressionnait.
Kenjiro se redressa dans son siège, bien décidé à laisser de côté son hésitation et aider sa cousine à rester en vie.

- Alors je vais voir ce que je peux faire. Je ne peux rien te promettre, mais peut-être que si j’arrive à te donner une certaine appartenance au Fujino-kai et que l’héritage reste sous les yeux de toute l’organisation, tu auras une certaine immunité vis-à-vis des yakuza de notre clan.

Shizuru hocha brièvement la tête pour marquer son approbation. Ç’avait été beaucoup plus facile que prévu, il lui avait suffi de pousser la discussion dans le bon sens et exploiter une solution qui s’imposait d’elle-même. Elle n’avait nulle envie d’en rajouter. Qu’est-ce qui était le plus pénible ? Mentir à Kenjiro en exploitant la situation telle qu’elle était ? Ou savoir qu’elle allait devoir rallier une de ces organisations qu’elle méprisait plus que tout ?

- Je ferais de mon mieux pour t’aider, assura Shizuru.

- Et moi je ferais en sorte que rien ne puisse t’arriver.

_______________________________________________

Le soleil se couchait quand Shizuru poussa la porte de sa chambre. Elle se débarrassa de son sac et de sa veste qui atterrirent sur le lit. Dehors, une sorte de brouillard s’élevait autour des bâtiments avec la fraicheur du soir et les habitations en bas de la colline du campus semblaient prises dans un cocon de brume. Sa chambre étroite, pleine à craquer, avait quelque chose de rassurant. Shizuru ne pensait pas considérer aussi vite ces quelques mètres carrés comme refuge face au monde extérieur et pourtant c’est ce qu’elle ressentait à cet instant, en allumant une petite lampe qui dispensa une lumière orangée sur le mobilier.

Elle s’assit dans son fauteuil de bureau alors qu’elle prenait lentement conscience de la situation inextricable dans laquelle elle se trouvait. Sa discussion avec Kenjiro et ses longues soirées de réflexion lui revinrent en tête, accompagnées des dialogues qu’elle avait imaginés, les réactions prévues et anticipées de son cousin. Shizuru se revoyait sans peine à l’époque du Festival, agissant seule, dans l’ombre. Elle avait épié les faits et gestes de chaque HiMEs et analysé leurs comportements. Combien de fois avait-elle abattu des orphans sans que personne ne s’en doute ? Protégeant Natsuki de ces créatures tout en préservant le secret de son identité de HiME ?

Nagoshi avait raison. La manipulation et la violence ne lui étaient pas étrangères. Une fois de plus, elle devait mentir à une personne qui lui était chère et dissimuler ses objectifs.

La jeune femme rassembla les liasses de feuilles qui tapissaient son bureau avec un certain dégoût.
Elle songea pour se tranquilliser que le Fujino-kai était loin d’être la pire des organisations et ceci grâce à son grand-père qui avait tout fait pour que ses subordonnés respectent scrupuleusement le Ninkyôdô. Il avait été un des derniers oyabun de tout le Japon à agir ainsi, en arguant que ce code d’honneur était leur fierté et ce qui distinguait les yakuza de simples criminels. De ce point de vue, Kenjiro était tout comme lui. Shizuru le revoyait des années plus tôt, les yeux brillants d’excitation, alors que les informations télévisées passaient en boucle des images de ces yakuza qui distribuaient vivres et tentes à la population après le tremblement de terre de Kobe, bien avant que les autorités ne puissent organiser des secours. Son cousin avait toujours été sensible à cet esprit chevaleresque qui animait certains clans, protégeant les gens dans des situations où la police pouvait difficilement agir. C’était pour cela que Kenjiro avait rejoint le Fujino-kai, sous l’influence de leur grand-père.

Shizuru n’avait pas la naïveté de croire que ce genre d’actions faussement désintéressées suffisaient à pardonner les autres activités illicites des gangs.

Suivant le flot de ses pensées, un autre souvenir lui revint. Un souvenir sombre. Kenjiro à ses côtés, elle se promenait dans les rues de Kyoto, dans une ruelle quasiment déserte. Elle n’avait pas douze ans. Devant eux, un jeune homme apostrophait un couple âgé, les manches de sa chemise retroussées dévoilant des tatouages colorés. Extravagant, il parlait fort, faisait de grands gestes en lançant des insultes. Kenjiro venait d’achever ses études au lycée. Quand le yakuza tapageur bouscula le vieil homme, il fut sur lui en quelques enjambées, l’attrapa par le col et le plaqua contre un mur. Il évita de justesse un coup de couteau avant de lui expédier son poing en plein visage. Shizuru avait été assez proche pour entendre les os craquer. Son cousin fulminait, rouge de colère. Le couple s’était enfui. Kenjiro ôta sa veste et arracha la manche de sa chemise, dévoilant un dragon s’enroulant autour de son biceps.

- Casse-toi, pourriture ! Hurla-t-il.

Le yakuza braillard était à terre, le nez en sang, rampant pour se relever.

- Dégage de là, ce quartier appartient au Fujino-kai ! Casse-toi ! Si je te revois, je te tue !

Kenjiro était fou furieux. Il ne supportait pas ce genre de comportement qu’il qualifiait de honteux pour un yakuza. S’en prendre à des faibles, sans raison, était le comble du déshonneur.

Ce jour-là, Shizuru avait vu glisser le masque de gentillesse et d’insouciance de son cousin. Elle aurait souhaité effacer ces images de sa mémoire tant elles étaient en contradiction avec ce qu’elle connaissait de lui. Jusqu’à présent, elle avait soigneusement dissocié le jeune homme des affaires de la pègre. Le Kenji souriant qui peuplait ses souvenirs d’enfance lui suffisait. La jeune fille n’avait aucune envie de refaire la connaissance d’un Kenjiro yakuza, pilotant des affaires louches de sang-froid. D’ici la fin de la semaine pourtant, ce serait chose faite. Après avoir affronté sa mère, ce serait une autre facette de sa famille qu’elle ne pourrait plus choisir de simplement ignorer.

_______________________________________________

Seiko fit quelques pas dans l’amphithéâtre. Son regard survola la salle et les têtes des étudiants déjà installés qui discutaient dans un joyeux désordre. Il ne lui fallut pas longtemps avant de repérer ses deux amis. Une fois encore, ils s’étaient installés au plus près du mur, remarqua-t-elle avec agacement. Elle n’arrivait pas à savoir si cela leur donnait un soutient supplémentaire ou s’ils espéraient que cela les rendrait moins visibles de l’estrade et trouvait ça ridicule dans les deux cas.
L’un comme l’autre étaient avachis sur la table, le visage plongé au creux de leurs bras. Elle découvrait Hideki dans cet état quasiment tous les matins mais jamais elle n’aurait imaginé que Shizuru puisse l’imiter avec tant de brio.
Elle fut à leurs côtés en quelques foulés énergiques, bien décidée à les embêter un peu avant le début du cours.

Un choc sourd contre la table incita Shizuru à ouvrir un œil. Une canette de café était posée juste à côté de sa main, suffisamment proche pour qu’elle sente la chaleur contre ses doigts.

- Bois ça, ça ira mieux, lança la voix dynamique de Seiko au-dessus d’elle.

- Il est hors de question que je boive ne serait-ce qu’une goutte de cet infâme jus de chaussette, philosopha Shizuru avant de tourner la tête de l’autre côté.

- Je peux le prendre ? Demanda Hideki avec une envie à peine dissimulée. Il fixait la canette comme si c’était le Saint Graal et Seiko leva les yeux au ciel.

- Vas-y.

Le jeune homme tendit le bras, avala le contenu de la cannette d’une seule lampée et reprit sa position d’origine.

- Vous avez une de ces têtes…

- J’ai bouclé ce fichu exo de maths…et après j’ai fini ce concerto de Rachmaninov, murmura Hideki dont les yeux se mirent à pétiller. Depuis le temps que je voulais le jouer…

Une pièce de plus de 45 min, précisa mentalement Shizuru. 3e concerto, un morceau épuisant, tout aussi bien pour le pianiste que pour l’auditoire, surtout à 2h du matin. Hideki avait joué sans relâche et même s’il avait baissé le son de son synthé, Shizuru n’avait pas été épargnée par ses accords en cascade.

- Mal dormi, résuma-t-elle simplement.

Elle avait passé la moitié de la nuit à tourner dans son lit pour chercher le sommeil mais la musique d’Hideki n’était pas la seule responsable. Ses pensées revenaient inlassablement sur sa discussion avec Kenjiro et elle ne cessait de s’imaginer devant l’immeuble du Fujino-kai. Cette après-midi, elle y serait. Au fur et à mesure que les jours passaient, il devenait de plus en plus difficile de dormir, comme si son esprit prenait enfin la pleine mesure de ce qu’elle s’apprêtait à faire. Shizuru tentait de se raisonner en se raccrochant à Kenjiro : tant qu’elle serait sous sa protection, elle ne risquerait rien et tout irait bien, ce n’était qu’une simple formalité. En vain. Ce qu’elle allait accomplir était trop contre-nature pour qu’elle puisse simplement attendre en toute sérénité. Ce gang avait empoisonné la moitié de sa vie, après tout.
Les hommes du Fujino-kai n’allaient pas en croire leurs yeux. Shizuru essaya de trouver un peu de réconfort en imaginant leurs têtes, sans grand succès.

- Essaye de te reposer, ce midi. L’année commence à peine…

Shizuru grimaça. Elle n’avait pas encore pris le temps de se pencher sur ses cours. Encore un autre problème à gérer. Comment était-elle supposée suivre ses études tout en jouant les espionnes pour la police ?

- J’aurais du en profiter pour ouvrir un classeur, au moins ç’aurait été plus productif, soupira-t-elle.

- Si tu veux, on pourra y jeter un coup d’œil ensemble, ce soir. Ce sera plus simple, au moins pour les exos, proposa Hideki.

Shizuru accepta de bon cœur en espérant qu’elle puisse en avoir encore la force après l’après-midi qui s’annonçait.

____________________________________________

Le siège du Fujino-kai faisait partie intégrante d’un gigantesque hôtel de luxe au cœur de Kyoto.
Contrairement à d’autres organisations, on n’avait pas jugé nécessaire d’étaler les symboles du clan au-dessus de la porte d’entrée, nota Shizuru en sortant de la voiture.
Une discrétion toute relative : tout le monde savait quel genre de personnes possédait cet immeuble.

Un tapis rouge menait à l’intérieur de l’hôtel. Les longues portes vitrées flanquées de deux employés en costume à l’allure guindée donnaient sur un intérieur luxueux à l’occidental, recouvert de marbre du sol au plafond.
Kenjiro traversa le hall d’un pas de conquérant en jetant au passage un salut désinvolte au réceptionniste, avant de s’engouffrer dans un ascenseur assez grand pour contenir une voiture.
Shizuru le suivit sans accorder le moindre regard aux employés ou au décor fastueux qui l’entourait.

Plus que jamais, elle aurait besoin de son masque cette après-midi. C’était la première fois qu’elle mettait les pieds dans le quartier général du clan Fujino mais même si tant d’opulence l’impressionnait, elle ne devait rien en laisser paraître. Tout ceci lui appartenait, après tout.

Kenjiro se tenait juste devant elle. Elle ne pouvait pas voir son visage mais sa posture suggérait une assurance tranquille et décontractée. S’il était nerveux, lui non plus n’en montrait rien.

Arrivé au dernier étage, les portes de l’ascenseur coulissèrent sans bruit. Une sorte de hall donnait sur d’autres pièces illuminées par d’immenses baies vitrées. Certaines croulaient sous les ordinateurs qui clignotaient en ronronnant. D’autres ressemblaient à des salles de réunion ou des bureaux. Le décor d’une véritable petite entreprise, jugea Shizuru. Il ne manquait plus que le comptoir de réception avec les secrétaires et la machine à café.

- Ah ! Te voilà !

Un homme venait de surgir d’un bureau. Il devait avoir une soixantaine d’années, des rides accentuées par un visage crispé de colère et des cheveux d’un gris acier. Il fut devant Kenjiro en un éclair. Malgré son âge, la façon dont il se déplaçait et sa stature de lutteur donnaient l’impression qu’il aurait pu casser en deux le premier venu sans fournir le moindre effort.

- C’est vrai ce qu’on raconte ? Tu l’as vraiment acceptée comme ça ? Sans réunir tes lieutenants ?

Kenjiro haussa une épaule.

- L’affaire était trop urgente. Ras-le-bol de devoir parlementer avec les avocats de Grand-père ! Inutile de perdre du temps avec ces conneries judiciaires, tu sais bien que j’ai horreur de la paperasse !

- Tu penses vraiment que l’Aizukotetsu-kai va tolérer ça ?

- Je l’espère bien, rétorquât-il. Les clans de Kyoto sont toujours libres de choisir leurs membres à ce que je sache.

La dureté qui perçait sous ces mots indiquait clairement qu’il n’avait pas envie de plaisanter davantage sur le sujet.

- Quel grade ?

- Kumi-in. Elle n’est pas encore un membre à part entière. Mais si les choses traînent, elle passera Kyodaï.

L’homme manqua s’étouffer.

- Kyodaï ! Comme si elle en avait l’étoffe !

- N’oublie pas qu’elle pourrait être à ta place en toute légitimité si l’envie m’en prenait.

L’homme souffla par les narines comme un taureau furieux. L’envie de protester le démangeait.

- Quelque chose ne va pas, Ryushi ?

Le colosse finit par détourner le regard et inclina légèrement la tête.

- Non. Tu es oyabun maintenant et si ce sont tes ordres, ils seront respectés. Mais sache que je la testerais. Elle se doit d’être à la hauteur, il en va de l’honneur du clan.

Kenjiro se contenta de murmurer son approbation et se remit en route comme si la conversation n’avait jamais eu lieu.
Ryushi le regarda s’éloigner et se fendit d’un sourire dédaigneux lorsque Shizuru passa devant lui.

- Tiens, l’enfant de la honte ! Déclara-t-il comme s’il découvrait sa présence. Toujours dans nos pattes…tu n’as vraiment aucune fierté, fit-il sombrement. A ta place, je me serais suicidé depuis des années.

Il ne cherchait même pas à dissimuler son dégoût. Shizuru lui rendit le sourire le plus léger qu’elle puisse esquisser sans tomber dans l’impertinence et suivit Kenjiro sans un mot.
Son cousin avait probablement tout entendu.
La jeune fille lui était reconnaissante de ne pas s’être interposé : c’aurait été reconnaître qu’elle était en position de faiblesse et une insulte au peu d’honneur qu’il lui restait.

Kenjiro la fit entrer dans un bureau spacieux et étonnamment bien rangé. Le mobilier austère et minimaliste convenait davantage à son grand-père qu’au caractère de son cousin et le décalage fut d’autant plus frappant quand il prit place dans le large fauteuil sombre.

- Depuis quand es-tu kumicho ?

- Deux jours. Ça s’est fait le lendemain de nos retrouvailles. Le clan a des obligations face à l’Aizukotetsu-kai et il fallait que ce soit réglé le plus vite possible. Nous n’avons même pas eu le temps de faire une cérémonie !

A croire qu’il l’attendait pour prendre les rênes du groupe songea Shizuru. Nul doute que sa première décision avait été l’admission de sa cousine au sein du Fujino-kai. Kenji avait pris des risques.

- Ne fait pas attention à lui. Ryushi a un sale caractère mais c’est le plus loyal de tous. Tu le connais, il fait passer le clan au-dessus de tout.

Shizuru n’en doutait pas un seul instant : c’était pour cette raison qu’il la méprisait tant après tout. Pour l’avoir vu plusieurs fois pendant son enfance à Kyoto, elle se souvenait parfaitement de lui et son attitude n’avait pas changé.

- Je m’y ferais.

- Tu seras en sécurité ici, personne dans ce clan ne tentera quoi que ce soit contre toi. En revanche, si Ryushi ou n’importe qui d’autre veut te tester, je ne pourrais pas m’y opposer.

- C’est normal. Ne t’inquiète pas pour moi.

Kenji ne pouvait pas se permettre de favoriser l’un des membres du clan, c’était contraire à la logique des yakuza. Jamais elle ne serait acceptée s’il agissait ainsi, tout les deux en étaient conscients. Shizuru devait faire ses preuves seule, c’était l’unique solution pour qu’elle espère gagner un peu de respect au sein du groupe.

- Tu devras participer à certaines de nos opérations, il va y avoir pas mal de problèmes à régler dans les jours à venir et on aura besoin de tout le monde. On a quelques soucis, des sortes de guerre de territoire, expliqua Kenjiro.

- Je pensais que les clans de l’Aizukotetsu-kai s’étaient mis d’accord sur le partage de la ville, s’étonna Shizuru pour l’encourager à continuer.

- Si tu savais ! Gémit-il d’un ton faussement ennuyé. C’est loin d’être le cas mais dans l’ensemble nous arrivons à trouver des compromis. Non, le vrai problème c’est l’émergence d’une sorte de nouvelle bande organisée. Des fous-furieux qui se font appeler les Gurentai. Difficile de savoir d’où ils sortent mais en tout cas, ils ont les dents longues ! Ils essayent de s’imposer dans le trafic d’armes et harcèlent les autres clans en mettant à sac des commerces qui nous appartiennent, ce genre de choses. Rien de trop grave en surface, mais on pense qu’ils auraient pu tuer quelques hommes des clans voisins. Il faut que l’on étouffe la situation le plus vite possible.

Shizuru acquiesça d’un air entendu. Comme le prévoyait l’inspecteur Nagoshi, la police n’était pas la seule à avoir des ennuis avec les nouveaux venus. D’habitude, les vieux clans yakuza et les autorité se fichaient mutuellement la paix. Ainsi allaient les choses : même si des accrochages survenaient, le système japonais avait besoin des yakuza et on leur laissait une certaine marge de manœuvre pour leurs activités. La façon de faire des Gurentai les classait bien à part. Trop menaçants pours les anciens clans, trop incontrôlables et violents pour les forces de police, ils s’étaient mis tout le monde à dos.
C’était une bonne chose songea Shizuru. Il lui suffirait de jouer les intermédiaires entre les deux pour les prendre en étau. Les Gurentai seraient démantelés ou absorbés par un groupe plus puissant et tout rentrerai dans l’ordre.

- Pour l’instant, il faut que tu mémorises les noms et les visages d’un maximum de personnes, ici. Je te décrirais les membres les plus importants. N’emporte aucun document chez toi, aucune information ne doit filtrer. La police en sait déjà largement assez. Tout doit rester là-dedans, déclara Kenji en appuyant son index contre son front.

-Entendu.

Kenjiro esquissa un sourire désolé en la voyant si résignée et se laissa aller contre le dossier de son fauteuil.

- Ce n’est décidemment pas comme ça que j’imaginais nos retrouvailles, tu sais. Tu as revu des gens sur Kyoto depuis ?

Shizuru retint un sourire en l’entendant changer de sujet. Il semblait plus affecté par sa nouvelle situation qu’elle ne l’était elle-même.

- Personne. J’ai perdu contact avec quasiment tout le monde en cinq ans. Mais je comptais rendre visite au docteur Nakajima, tu as eu de ses nouvelles ?

Une lueur d’inquiétude traversa le regard de Kenjiro.

- Nakajima ? Tout va bien, Hime-chan ?

- Bien sûr ! S’amusa sa cousine. J’aimerais bien la revoir, c’est tout. Nous sommes restées très proches, tu sais ?

En vérité, c’était la seule personne avec laquelle Shizuru avait réellement entretenu une correspondance, du moins pendant ses premières années à Fuuka. La jeune fille lui devait énormément. Sans son aide, elle serait peut-être morte depuis des années pour l’honneur du clan, comme le souhaitait des gens tels que Ryushi.

- Ca fait un bon bout de temps que je ne lui ai pas parlé, avança Kenjiro sans avoir l’air convaincu.

- Je l’appellerais dans la semaine.

- Shizuru ? Tout ça est temporaire, tu le sais bien ?

Son cousin avait l’air soucieux. Maintenant que Shizuru était liée au Fujino-kai il était encore plus nerveux que la jeune fille et évoquer la psychiatre avait suffi pour l’inquiéter pour de bon.
Elle leva la main en signe d’apaisement.

- Ne t’inquiète pas pour moi, je sais tout ça. Ce ne sont que quelques mauvais mois à passer et après tout va s’arranger. Je tiendrais le coup, assura-t-elle d’un air tranquille.

Kenjiro finit par hocher la tête d’un air dubitatif et ils étaient en pleine discussion lorsque Ryushi entra dans le bureau pour proposer de prendre Shizuru avec lui pour une affaire de routine, la nuit prochaine.

Notes :

En temps normal, aucune femme n’est admise chez les yakuza, hormis éventuellement l’épouse de l’Oyabun. La seule yakuza à avoir dirigé un clan (et sur une courte période) était la femme du kumicho du yamaguchi-gumi de Tokyo après la mort de son époux, jusqu’à ce qu’un successeur lui soit désigné. Pardonnez-moi cette belle entorse à la tradition !

Quand aux Gurentai, ils ont réellement existé dans les années 50 lors du développement de la pègre de l’après-guerre. Il s’agissait d’un groupe violent, nettement moins organisé. Les Gurentai ont fini par être absorbés par des clans plus importants qui sont à l’origine du Yamaguchi-yumi ou de l’Inagawa-kai de Tokyo.

Enfin, si vous cherchez plus d’information sur les yakuza, wikipedia a une page assez complète sur le sujet, notamment en ce qui concerne la hiérarchie avec un joli schéma explicatif. Faites attention toutefois, certaines informations sont à vérifier, comme celles qui concernent les recrues des yakuza : d’après d’autres sources, les non-japonais peuvent très difficilement espérer faire parti d’un clan…

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La culture anglaise comme vous ne l’avez jamais vue.


Dernière édition par Miyaki le Lun Déc 29, 2008 12:50 am; édité 1 fois
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Kohei
Evil Overlord


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MessagePosté le: Ven Déc 19, 2008 12:10 am    Sujet du message: Répondre en citant

Yup !! Tu l'as fini à temps !!
Je vérifie tout ça, lol...

Happy Birthday Shizuru !!

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Dernière édition par Kohei le Ven Déc 19, 2008 2:56 am; édité 2 fois
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Titange
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MessagePosté le: Ven Déc 19, 2008 12:34 am    Sujet du message: Répondre en citant

O_O... un loup..
Non mais c'est trop bien...Non mais géniaaaaal quoi!!!!!!

La suiiiiiiiiiiiiiite.. Comment elle va faire Shizuru là? Oh là là là je peux pas attendre la suite là...

VIIIITE Miyakiii loool

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Kohei
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MessagePosté le: Ven Déc 19, 2008 2:57 am    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai vérifié... lol ^^"

Sinon, niveau impression, ah, c'est difficile de me souvenir de ma 1ère impression, vu que j'ai relu le chapitre plusieurs fois...
Ça se confirme à chaque nouveau chapitre, je suis fan de ta fic.

Pour ce chapitre, lol, c'était bien mené, surtout qu'il n'était pas facile d'exposer les differents enjeux... pourquoi Shizuru se retrouve finalement "obligée", tant par la police, qu'à cause de l'héritage, d'entrer dans le Fujino-kai.
Je t'ai à l'oeil pour pas nous tuer l'une des héroines, mais mon dieu, si Shizuru survit entière ça sera vraiment juste...

Lol, puis là, je suis vraiment contente d'avoir enfin vu Kenjiro.
Comme je te le disais, en général, dans les fics, c'est à peine si je lis ce qui concerne les "personnages bonus inventés" mais pour je ne sais quelle raison, autant j'aimais dejà Hideki, là, j'adore Kenjiro.
Puis on avance un peu dans les mystères de la situation familiale de Shizuru.
Ma pauvre darling qui se fait traiter d'"enfant de la honte"... j'étais à 2 doigts de t'envoyer un mail de menaces
Heureusement, y'a l'utilisation fort appréciable du "Hime-chan" qui m'a consolé. ( On se fait plaisir Miyaki hein... Hime-chan... j'imagine ta tête en train de l'écrire )

Y'a aussi la psy qui m'intéresse bien... j'ai hâte d'avoir plus de détails sur le rôle qu'elle a joué dans le passé de Shizuru.
En tout cas, ça m'a pas l'air gai tout ça... pauvre Shizu, heureusement qu'elle est allée à Fuuka pour se faire aimer un peu...

Puis j'ai hâte de lire le prochain "chapitre Shizuru" avec sa 1ère mission...

Bref, tout ça, c'est bien mené.
Certes, comme tu nous l'as appris, tu as fait une entorse à la tradition en intégrant un femme chez les Yakuza, mais en lisant tout ça, on sent que tu as bien fouiné et tu nous fais vraiment un truc génial.

** accro à la fic **

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Arishia
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MessagePosté le: Mar Déc 23, 2008 1:16 am    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai adoré lire ta fan fic. C'est vraiment interressant le fait que tu ai décider de faire séparement deux histoire de shizuru et natsuki plus profondément sur chacun des personnages. C'est vraiment bien. J'ai hâte que tu postes la suite ^^ Smile

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