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Guren [Fanfic mai Hime, sans surprise XD]
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Briseglace
Otome Corail


Inscrit le: 21 Mar 2009
Messages: 164
Localisation: Sur le toit.

MessagePosté le: Mar Aoû 04, 2009 3:08 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je viens de le relire en diagonale (oui, bon, je suis pas "si" courageuse que ça...), et je le trouve très bien comme ça. J'ai surtout regardé là où on avait discuté, et je pense qu'effectivement, ça valait le coup de chipoter un peu Wink .

Je suis désolée par contre, j'ai pas le courage de poster un long commentaire là maintenant, mais j'y reviendrais peut-être. J'ai adoré ce chapitre, c'est tout ^^ (parce que j'aime voir les personnages souffrir, mwaha... eurhm). Et la séance de tatouage est vraiment, vraiment flippante... mais j'arrive toujours pas à déterminer ce qui me fait autant peur dedans. J'imagine que c'est l'ampleur du truc qui donne cet effet. On a l'impression que ça part complètement en vrille pour Shizuru à partir de ce moment là...
...
C'est vrai quoi, elle aurait pas pu faire un petit dragon sur l'épaule (ou un dauphin ou un papillon Rolling Eyes ), ça suffisait, non? C'est pas étonnant que la tradition se perde "pour des raisons de discrétion", haha, on se demande pourquoi...
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Titange
Prophétesse kitch du Shoujo-Aï


Inscrit le: 29 Sep 2008
Messages: 526

MessagePosté le: Mar Aoû 04, 2009 5:02 pm    Sujet du message: Répondre en citant

ha ha la mise en place continue, on se rapproche de... Je sais pas de quoi, mais depuis que la pression monte, ça va bien finir par exploser.

Tu fais bien sentir que Shizuru est juste au bord du burn out, poor thing...

On reste dans le joyeux quoi.

Note: je suis pas sure que "the wind of change" aide particulièrement à la concentration, la nuit, si t'es déjà au bord du gouffre... XD

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Miyaki
Trias


Inscrit le: 08 Fév 2006
Messages: 691

MessagePosté le: Mer Aoû 05, 2009 6:45 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Briseglace a écrit:
Je viens de le relire en diagonale (oui, bon, je suis pas "si" courageuse que ça...), et je le trouve très bien comme ça. J'ai surtout regardé là où on avait discuté, et je pense qu'effectivement, ça valait le coup de chipoter un peu Wink


Yep, c'est plus cohérent comme ça. L'humour lourdaud du scientifique moyen était une touche authentique mais finalement un poil trop indigeste pour s'intégrer dans ce chapitre Laughing

Briseglace a écrit:
Et la séance de tatouage est vraiment, vraiment flippante... mais j'arrive toujours pas à déterminer ce qui me fait autant peur dedans. J'imagine que c'est l'ampleur du truc qui donne cet effet. On a l'impression que ça part complètement en vrille pour Shizuru à partir de ce moment là...

Au départ je voulais placer cette scène deux chapitres avant mais ça ne me paraissait pas trop approprié...et après j'ai un peu hésité (pas envie de me faire arracher un oeil par des fans qui n'auraient pas apprécié que je marque ainsi Shizuru Laughing) maaaaaaais...c'était effectivement une façon d'achever la parti "intégration chez les yakuza" pour de bon.

En vérité, je me demande si je devrais pas débuter une autre fanfic pour continuer celle-ci, genre "Guren: Arc 2" (une fic à plusieurs volet, comme les Star Wars, mon rêve *__* XD) vu qu'il y a un virage prévu dans l'intrigue, que le rythme devrait être nettement moins poussif et que je pense que c'était le dernier chapitre se focalisant uniquement sur un perso. J'hésite, j'hésite...

Titange a écrit:
Note: je suis pas sure que "the wind of change" aide particulièrement à la concentration, la nuit, si t'es déjà au bord du gouffre... XD

Mais siiiiiiii ! C'est une chanson avec un très léger parfum de mélancolie et juste ce qu'il faut d'espoir, légèrement fragile, comme si on n'y croyait pas trop, et pourtant...
"Taaaaaake me....to the magic of the moment, on a gloooooooory night....where the children of tommorrow dream awaaaaaaay....in the wind of chaaaaaaange" *craque*

(Et c'est ma chanson de l'été. Et aussi la seule chanson que je connaisse où on a placé le mot "balalaïka", ce qui mérite d'être porté à l'attention générale.)

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Titange
Prophétesse kitch du Shoujo-Aï


Inscrit le: 29 Sep 2008
Messages: 526

MessagePosté le: Mer Aoû 05, 2009 7:21 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Miyaki a écrit:
Mais siiiiiiii ! C'est une chanson avec un très léger parfum de mélancolie et juste ce qu'il faut d'espoir, légèrement fragile, comme si on n'y croyait pas trop, et pourtant...
"Taaaaaake me....to the magic of the moment, on a gloooooooory night....where the children of tommorrow dream awaaaaaaay....in the wind of chaaaaaaange" *craque*


OMG. Je vais y réfléchir à deux fois moi maintenant, avant de te demander si tu connais une chanson.

(quoi que ça pourrait donner de grands moments musicaux dans ta fic XD)

En fait c'est surtout d'imaginer Shizuru en plein craquage estudiantin et beugler.... "let your balalaika sings what my guitar wants to sayyyyy" qui m'a... trop choquée XD

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Miyaki
Trias


Inscrit le: 08 Fév 2006
Messages: 691

MessagePosté le: Jeu Aoû 13, 2009 9:39 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Et hop ! un nouveau chapitre Cool
J'avais envie de taper celui-ci depuis un sacré bout de temps...
J'espère qu'il vous plaira ^^
Si tout se passe comme je l'aimerai, l'histoire devrait être nettement moins poussive, soit au niveau de l'action, soit au niveau du scénario en lui-même.
Encore merci à Briseglace pour sa prélecture !
Enjoy ^^


**************************

Natsuki nageait en plein cauchemar.
Elle avait passé toute la nuit au poste de police. Le soleil se levait lorsqu’on la laissa partir, avec pour consigne de ne quitter Fuuka sous aucun prétexte. Mai l’attendait dehors avec une thermos de café. La solitaire avait l’air hagard et épuisé.

La rouquine s’empressa de lui mettre une tasse brûlante entre les mains et la fit asseoir sur un banc à côté d’elle.

- Midori ne va pas tarder, elle sera là avec sa voiture d’une minute à l’autre. Comment ça s’est passé ?

Mal, si elle en jugeait l’expression de son amie et son manque de réaction.

- Ils m’écoutaient à peine lorsque j’ai abordé le sujet d’Asward, murmura Natsuki. Ils s’en fichaient complètement. Quand je leur ai parlé de Miyu, pour leur expliquer pourquoi Alyssa vivait avec moi, ils m’ont regardée comme si j’étais folle.

Elle remit quelques mèches de cheveux en place d’un geste nerveux. Natsuki avait dit le minimum sur Alyssa et elle mais ça suffisait, à raison, à la faire passer pour une illuminée.

- Tu leur as dit quoi ?

- Qu’Alyssa était ma sœur. Qu’Asward avait fait des manipulations génétiques sur ma mère pour la créer. Qu’elle s’était échappée de leur labo avec une cyborg. Que ce cyborg avait explosé après m’avoir raconté toute l’histoire et qu’elle habitait chez moi depuis.

- Et tu espérais qu’ils allaient avaler un truc pareil ?

- Merde, Mai, c’est pas comme si l’histoire originale était plus facile à gober !

Natsuki plongea son visage dans ses mains et laissa échapper un soupir saccadé.

- Désolée. Je suis à cran.

- Que vont-ils faire ?

- Ils ont monté leurs propres hypothèses : pour eux, il y a eu un accident sur la falaise et je ne veux pas l’admettre. Point final.

Elle serra les poings et sa voix se chargea de dégoût.

- L’un d’eux a même dit que je l’avais balancée de là-haut moi-même et que j’avais inventé toute l’histoire.

Mai ouvrit des yeux scandalisés. Son amie prit une grande inspiration et pressa ses mains jointes contre ses lèvres qui s’étaient plissées en une ligne mince et dure : elle avait dû faire appel à toute sa maîtrise pour ne pas démolir le policier qui lui avait jeté cette accusation au visage.

- Si au moins ils m’avaient dit qu’une descente serait organisée dans les locaux d’Asward pour vérifier…mais ça a l’air d’être le cadet de leurs soucis.

La jeep de Midori apparut à l’angle d’un virage et s’arrêta devant elles avec un chuintement fatigué.

- Je vous dépose juste les filles, prévint la jeune professeure. Il faut que je revienne ici, ils m’ont convoquée pour un interrogatoire.

- Passons chez moi, proposa Mai. Tu vas faire une sieste, pendant que je prépare un petit déjeuner digne de ce nom, d’accord ?

Mai, toujours là pour aider les autres. Toujours prête à ouvrir sa porte et remonter le moral de ses amis, avec sa compréhension et ses bons petits plats…Natsuki faillit refuser en prétextant qu’elle préférait rester un peu seule mais ne s’en sentit pas le courage.

- Merci, allons-y.

**************************

La sonnerie du téléphone la tira sans douceur de ses rêves. Natsuki promena un regard embué de sommeil autour d’elle. Mai avait décroché. Mai. Elle était chez son amie et s’était endormie sur son canapé. C’était la première fois que ça lui arrivait, constata-t-elle en se redressant.

- Tiens, le thé est encore chaud et on a sauvé quelques tartines de Mikoto, lança une voix à ses côtés.

Nao poussa le petit plateau devant elle, sur la table basse et Natsuki se demanda depuis combien de temps la jeune fille était ici.

- Suis arrivée il y a 10 min. Tu ronflais déjà dans ton coin. J’ai ramené ta moto, elle est en bas de chez Mai.

- Depuis quand est-ce que tu conduis une moto, toi ?

- Depuis ce matin, rétorqua-t-elle avec un grand sourire. Un peu de sucre ?

Natsuki déclina en secouant la tête, trop endormie pour s’engager dans une joute verbale. Nao, toujours prête à la faire tourner en bourrique, même dans les moments les plus incongrus. Surtout dans les moments les plus incongrus. C’était sa façon de manifester sa sollicitude. Mai s’agitait, au téléphone. Elle finit par raccrocher et leva un regard paniqué vers Natsuki.

- C’était Midori. Elle est au commissariat. Il…elle a entendu qu’ils allaient te convoquer pour te placer en garde à vue.

- C’est une blague ? bondit la solitaire, parfaitement réveillée. En garde à vue…mais pourquoi ?

Mai garda un silence gêné.

- Hors de question…

Natsuki regarda fébrilement autour d’elle, comme si c’était la première fois qu’elle se retrouvait ici et que des policiers auraient pu surgir des placards.

- Hors de question, répéta-t-elle en sortant de sa transe. Je me casse. Je vais à Kyoto.

- Natsuki, arrête, ça n’arrangera pas la situation ! Ils vont prendre ça comme une preuve de…de culpabilité, bégaya Mai comme si ce mot lui arrachait la gorge, et ça sera encore pire !

- Et si je reste, ils vont me garder à l’œil et me cuisiner pendant des jours, pour rien, au lieu de filer à Kyoto et aller y chercher ma sœur ! contra Natsuki, une pointe de désespoir dans la voix. J’y vais.

- Alors je viens avec toi.

Mai la fixait le plus sérieusement du monde, dressée devant elle comme pour la mettre au défi de trouver quelque chose à y redire.

- Moi aussi, renchérit Nao.

Elle regardait par la fenêtre, comme si elle s’en fichait éperdument mais son ton ne laissait pas envisager de discussion.

- Les filles…merci…merci, vraiment, commença Natsuki, à court de mots. Mais vous ne pouvez pas faire ça…Mai, tu as Mikoto et Takumi, Nao, tu as ta mère.

- Ecoute…

- Non, vous, écoutez-moi. On ne peut pas y aller ensemble. Que va-t-il se passer si on se retrouve toutes les trois en cavale ? On va se faire avoir, à tous les coups. Restez ici, défendez-moi puisque vous savez ce qu’il se passe et ce que j’ai déjà raconté à la police. Vous m’aideriez beaucoup plus en tant que témoins, plutôt que suspects.

Mai plissa les lèvres et hocha rapidement la tête, hésitante. Nao eut un reniflement de dédain.

- A la première occasion, je filerai te rejoindre à Kyoto. D’ici là, pas de bêtises, pigé ?

Sa voix était lourde de menaces. Natsuki acquiesça d’un geste sec. Elle devait partir, maintenant, ou ses amies trouveraient d’autres raisons de l’accompagner. La solitaire attrapa son casque et fila comme si l’enfer était à ses trousses.

**************************

Natsuki contemplait la ville s’entendant devant elle en une mer de buildings qui se découpaient en ombres gigantesques sur le ciel nocturne. Les immenses baies vitrées des tours étaient sombres et luisantes comme des carapaces de scarabées. Aux étages inférieurs, les néons criards des panneaux publicitaires s’y reflétaient en vagues bariolées tels d’énormes graffitis.
À cette hauteur, au sommet d’une tour, le vent sifflait en se heurtant aux arêtes sévères des bâtiments et des bourrasques glaciales emmêlaient ses longues mèches noires. Plusieurs dizaines de mètres en contrebas, des files de voitures s’étiraient, longues et fines comme les perles d’un collier multicolore, dans des avenues que la lueur des lampadaires nimbait d’or.

Penchée au-dessus de Kyoto, Natsuki se sentait minuscule. Elle avait retiré un maximum de liquide de son compte en banque tant qu’elle pouvait y avoir accès et elle avait acheté tout son équipement sur place. Autant laisser des traces visibles : avec un peu de chance, la police en profiterait pour faire un détour chez Asward lorsqu’on se mettrait à sa recherche. Cela faisait deux jours qu’elle se trouvait ici. Trois jours depuis qu’on avait enlevé Alyssa. Une éternité.

L’immeuble du siège social d’Asward se trouvait à une quinzaine de mètres juste en face d’elle, à peine plus bas de l’endroit où elle se trouvait. Natsuki vérifia une dernière fois son matériel et le serrage des boucles de son baudrier. Dès la tombée de la nuit, elle avait préparé son infiltration. Un câble oscillait doucement au-dessus du vide et se perdait dans les poutrelles d’aciers de l’antenne de communication qui se dressait au sommet de l’immeuble d’Asward. Natsuki l’avait tendu en utilisant un grappin d’acier et une arbalète d’alpiniste et priait sincèrement pour que l’arrimage soit solide. La dernière fois qu’elle avait réalisé ce genre d’acrobatie, elle avait manqué de se tuer en essayant de s’introduire dans un centre du First District. Elle ajouta une corde d’escalade au départ du filin métallique et l’attacha à son baudrier.

Natsuki installa les poulies qui lui permettraient de descendre le long du câble et prit une grande inspiration en passant ses jambes par-dessus le parapet. Le vide happa son regard et chaque fibre de son être lui hurla de s’éloigner du rebord. Elle tressaillit, riva ses yeux droit devant elle et attrapa les poignées des poulies. Pour Alyssa, songea-elle, comme un leitmotiv. Elle se laissa tomber en avant et glissa sans bruit, suspendue dans les airs.

Elle descendit en rappel du haut de l’immeuble d’Asward, après s’être démenée de longues minutes pour accrocher une dégaine dans le repli d’une poutre en métal entre deux plaques de verre. Le point d’attache était terriblement instable et Natsuki adressa une nouvelle prière silencieuse pour qu’il tienne bon : si elle décrochait maintenant, la corde qui l’assurait la rabattrait de plein fouet sur la façade de l’immeuble qu’elle avait quitté en tyrolienne.

Elle passa un quart d’heure suspendue le long des parois lisses et sans défaut avant de parvenir à percer un trou circulaire dans une fenêtre cachée à l’angle d’une baie vitrée. Natsuki n’en était pas à son coup d’essai mais manier un coupe-verre sans point d’appui, sans risquer le moindre coup d’œil vers le néant qui s’ouvrait sous ses pieds, demandait un sang-froid et une discipline sans faille. Un bruit de klaxon s’éleva, porté par une bourrasque et le son lui parut terriblement lointain, déformé par la distance. La corde d’escalade craquait doucement alors que le vent la faisait osciller lentement au-dessus du vide. Son sang tonnait comme un tambour, dans sa poitrine. Natsuki glissa une main tremblante à l’intérieur, ouvrit la fenêtre, et se faufila dans une vaste salle aménagée en bureau open-space, partagée par plusieurs emplacements de travail.

Si les informations qu’elle avait réussi à grappiller dans les environs étaient exactes, c’était à cet étage que travaillait une partie des responsables de la société.

La solitaire s’accorda quelques instants pour calmer sa respiration et les battements erratiques de son cœur. Ses jambes étaient en coton, Kami ! Elle haïssait le vide.

Alyssa.

Natsuki se déplaça de bureau en bureau, plus furtive qu’une ombre. Un coup d’œil pour s’assurer de l’absence de caméra de sécurité. Une vérification rapide des documents abandonnés près des écrans d’ordinateur. Il lui fallait une piste. N’importe quoi qui aurait pu lui donner une idée de l’endroit où on détenait sa sœur. Une mallette étroite avait été oubliée près d’une plante verte. Natsuki la glissa dans son sac à dos, avec quelques feuilles de papier qui avaient attiré son attention lorsqu’elle avait forcé les tiroirs d’un bureau un peu plus imposant que les autres.

Une petite salle était installée à l’écart. Fermée à clé. Natsuki crocheta la serrure et entra à pas de loups. Elle fouilla rapidement. Un papier estampillé « confidentiel » qui gisait dans la poubelle et un CD gravé qui trainait dans un tiroir disparurent dans son sac. Natsuki souleva le sous-main de cuir qui couvrait le bureau et découvrit une large enveloppe brune. Elle en tira une feuille de papier et repéra le mot « Orphan ».

Bingo !

Natsuki l’ajouta à ses autres trouvailles, quitta la pièce, referma la porte…et l’alarme se mit immédiatement à hurler.

Son cœur manqua un battement. La solitaire se rua vers la fenêtre où elle avait laissé son baudrier et sa corde de salut. Elle dérapa à l’angle d’un bureau. La sonnerie lui vrillait les tympans. Les yeux fixés sur la baie vitrée, elle aperçut au dernier moment la forme sombre qui se jeta devant elle. La chose la percuta de plein fouet et elle retomba lourdement en arrière. Des griffes acérées déchirèrent ses habits et s’enfoncèrent dans sa peau et ses muscles. Natsuki hurla de douleur et roula sur le sol. La créature ouvrit une gueule béante. En un geste désespéré, la solitaire leva un bras pour protéger sa gorge offerte et les crocs se refermèrent juste sous son poignet. Elle crut qu’on allait lui briser les os et lui arracher la main.

Etourdie de douleur, Natsuki attrapa tant bien que mal son couteau de grimpeur et frappa aveuglément, aussi fort qu’elle le pouvait. L’orphan la lâcha avec un sifflement étranglé. La jeune fille rua pour se dégager. Elle se mit à genoux faiblement, le cœur au bord des lèvres. Elle serra son ventre entre ses mains et laissa échapper un gémissement alors que la souffrance pulsait entre ses doigts. Ses habits en lambeau étaient poisseux, trempés de sang. Devant elle, l’orphan s’était affalé sur le côté et essayait de se relever. Fuir. Maintenant.

Une porte s’ouvrit à la volée dans son dos et un coup de feu fit sauter un ordinateur à un mètre d’elle. L’adrénaline gicla dans ses veines. Natsuki se précipita en avant, courbée en deux. On cria. Une autre rafale déchira l’air. Des éclats de verres volèrent alors que des pans de baies vitrées explosaient sous l’impact. Son harnais. Natsuki glissa sa main valide dans l’un des passants et agrippa la corde aussi fort qu’elle le pouvait.

Elle plongea en avant en un réflexe complètement fou. Des stalactites de verres lui griffèrent la peau lorsqu’elle traversa la fenêtre brisée.
En haut de l’immeuble, la dégaine qui l’assurait à la paroi céda immédiatement. Pendant un moment, elle eut conscience du vent glacial, du rugissement des moteurs trente étages plus bas et des éclats lumineux qui s’accrochaient aux vitres des buildings comme des étoiles filantes alors que les néons formaient une constellation électrique aberrante, psychédélique. Elle tombait comme une pierre.

La corde se tendit et Natsuki traversa le vide en un arc de cercle désordonné. Son dos percuta l’immeuble d’en face et des gouttes de sang carmin volèrent. Sa main lâcha la corde. Les lanières de son baudrier se prirent dans son poignet, freinant sa chute une fraction de seconde. Plus morte que vive, Natsuki referma ses doigts meurtris autour d’un passant et se retrouva suspendue au-dessus du néant comme une marionnette brisée.

La fenêtre dans laquelle elle s’était écrasée n’était plus qu’une vaste surface étoilée, ensanglantée. Au supplice, la solitaire invoqua le peu de force qu’il lui restait et cassa la vitre en assenant des coups de pieds et de poing désespérés. Elle se faufila à l’intérieur et s’éloigna du vide en rampant, incapable de se mettre debout.

Il y avait un escalier de service, derrière cet immeuble. Elle l’avait repéré lorsqu’elle avait préparé son infiltration. Quelques mètres à parcourir et elle pourrait quitter cette tour. Trouver une cachette. Elle serait en sécurité. Natsuki se redressa, à peine consciente, et traversa la pièce avec la raideur d’un automate.

***************

Elle s’était réfugiée dans le débarras poussiéreux d’une boutique. Natsuki ignorait comment elle avait trouvé la force de marcher jusqu’à cette petite ruelle isolée et de crocheter la porte de service. Elle s’affala contre le mur et se laissa glisser sur le sol. Les étagères et les cartons empilés un peu partout s’affaissèrent de façon grotesque alors que sa vision se mettait à tanguer et elle sentit un goût de bile amère dans sa bouche.

Ça irait. Natsuki était une HiME. Elle survivrait. Pour l’instant.
Elle plaqua une main sur les plaies qui s’ouvraient sur son ventre. La douleur était telle qu’elle avait cru que la créature l’avait éventrée, là-haut.

Qu’elle avait soif ! Natsuki passa des doigts poisseux de sang sur son visage, pour essuyer la sueur qui lui piquait les yeux. Elle jura. D’abord dans un souffle, puis de plus en plus fort. Parce que le son de sa voix était la seule chose qui empêchait son esprit de partir à la dérive. Il lui fallait de l’aide. De l’eau et de quoi panser ses blessures. Ou elle allait mourir ici, HiME ou non. Et personne ne pourrait sauver Alyssa.

La solitaire tendit la main vers son sac à dos. Il fallut plusieurs secondes avant que ses doigts engourdis n’arrivent à tirer la fermeture éclair et se referment sur son téléphone portable. Natsuki n’avait pas le choix. L’hôpital n’était pas une option : la police la retrouverait en un rien de temps. Une seule personne à Kyoto pouvait l’aider, à cet instant.
Le téléphone sonnait, à l’autre bout du fil. De longues sonneries pendant lesquelles elle supplia Shizuru de décrocher. La voix du répondeur téléphonique grésilla dans l’appareil.

- Shizuru, c’est Natsuki…

Sa voix était rauque et hachée.

- J’ai besoin d’aide…je suis à Kyoto…

Natsuki ferma les yeux en essayant de se rappeler le nom de la ruelle, qu’elle avait aperçue sur une petite plaque mangée par la rouille.

- Je suis dans une des boutiques…dans la remise. La porte…n’est pas fermée.

La jeune fille raccrocha, incapable d’ajouter un mot. Sa vision se moucheta de noir et elle pria pour que Shizuru ait son message avant la fin de la nuit. Elle s’évanouit.

**********************

Shizuru s’engouffra dans la ruelle d’un pas rapide. La soirée avait été longue et il était une heure passée lorsqu’elle avait reçu le message de Natsuki et quitté les locaux du Fujino-kai. Il s’en était fallu de peu qu’elle ne l’efface avant même de l’écouter. La curiosité était la seule chose qui l’en avait empêché. Les mots de la solitaire étaient confus et saccadés et lorsque le message avait pris brutalement fin, Shizuru avait senti une panique sourde l’envahir. Elle avait essayé de la rappeler mais Natsuki n’avait pas décroché.

Elle se heurta à deux portes verrouillées avant de trouver la bonne. La jeune fille poussa le battant de la remise et ses yeux s’écarquillèrent d’horreur. Natsuki gisait devant elle, à demi-couchée sur un parquet poudreux, couverte de sang séché. Sous la lumière froide et acérée d’un néon blafard, elle était d’une pâleur mortelle. Shizuru resta un instant pétrifiée, persuadée qu’elle arrivait trop tard.

Natsuki ouvrit un œil, un morceau d’émeraude dans ce visage livide, et l’ombre d’un sourire étira le coin de ses lèvres.

*******************

Le soleil levant colorait les nuages de tons pastel lorsque Shizuru vida pour la dernière fois une bassine d’eau rougie dans l’évier. Seule dans la cuisine, elle prépara un peu de thé et massa son visage fatigué.

Elle avait emmitouflée Natsuki dans une couverture abandonnée dans la remise, pour masquer grossièrement ses blessures, et avait essuyé le sang de son visage avant de la faire sortir de la boutique. Elle l’avait quasiment portée jusqu’à un taxi et tendu une liasse de billets au chauffeur avant même qu’il n’ouvre la bouche.

Et elles se trouvaient maintenant dans un des anciens logements de son grand-père, un appartement absurdement luxueux aux abords de Kyoto dont Shizuru était propriétaire depuis sa mort. Elle avait longuement hésité avant de venir ici plutôt que de se précipiter à l’hôpital mais Natsuki avait sûrement de bonnes raisons de l’avoir appelée elle, plutôt qu’une ambulance.

Elle soupira et revint vers elle en tenant sa tasse et un grand verre d’eau pour la solitaire. Shizuru avait nettoyé ses blessures du mieux qu’elle le pouvait, et suturé les plaies les plus ouvertes. C’était Kohei qui lui avait appris comment faire, le jour où l’un des yakuza du Fujino-kai était rentré tailladé d’un combat au couteau. La jeune fille avait des traces de griffures un peu partout sur le haut du corps mais les blessures au niveau de son abdomen étaient profondes et trop irrégulières pour être l’œuvre d’une arme blanche. Un orphan, Shizuru en aurait mis sa tête à couper.

Natsuki. Si belle. Son esprit avait marqué un temps d’arrêt lorsqu’elle avait découpé les restes de ses habits en lambeau pour soigner ses plaies. Shizuru doutait que ce soit uniquement à cause de l’effroi que lui imposait la vue de ses blessures. Elle secoua la tête, coupable et agacée, avant de lâcher un soupir défait. Était-elle donc si faible ? Elle n’avait vraiment aucune volonté lorsqu’elle se retrouvait face à elle, n’est-ce pas ? Où était passée l’amertume et la rancœur que lui inspirait sa chère solitaire quelques mois auparavant ? Si elle avait eu devant elle une Natsuki rayonnante de santé, les choses auraient sans doute été différentes, songea-t-elle. Elle ne pouvait tout de même pas la laisser mourir dans cette remise à l’abandon !

Pitoyable. Shizuru se laissa tomber dans le petit fauteuil qu’elle avait tiré près du lit et rendit les armes. Autant accepter ses propres faiblesses plutôt que de se chercher des excuses, philosopha-t-elle avec un fatalisme résigné. Il y avait des questions plus importantes, à cette heure, que celles concernant la légitimité de ce qu’elle pouvait ressentir.
Natsuki s’agita dans son lit et ouvrit les yeux.

- Comment te sens-tu ? demanda Shizuru.

- J’ai connu mieux, croassa-t-elle. Elle toussa pour s’éclaircir la voix et Shizuru lui tendit un verre d’eau qu’elle vida d’un trait. Merci.

Natsuki gardait un souvenir très confus des dernières heures. Il y avait eu des instants où garder les yeux ouverts avait été au-dessus de ses forces. Elle se sentait parfaitement consciente maintenant mais l’épuisement était encore là et le matelas moelleux sur lequel elle était allongée était une invitation scandaleuse à se laisser sombrer dans le sommeil. La séance de questions à venir allait être une véritable torture. Si elle n’avait pas été une ancienne HiME, elle aurait été incapable de seulement dire un mot. Elle passa une main sur ses blessures et sentit les pansements sous ses doigts. Cela avait un désagréable parfum de déjà-vu, songea-t-elle avec une pointe d’angoisse. D’un coup, elle eut l’impression que la température venait de perdre quelques degrés et l’air devint aussi pesant qu’une chape de plomb. Shizuru la regarda faire et garda le silence : Si Natsuki faisait la moindre remarque qui ferait écho à la nuit fatidique où son existence avait basculé, elle quitterait l’appartement sur-le-champ.

- Je crois que je te dois une fière chandelle, dit simplement la solitaire, en espérant que ses mots sonnaient aussi sincèrement qu’elle le voulait.

- Un peu plus et je t’emmenais à l’hôpital. Mais je suppose que ça n’aurait pas été une bonne idée.

- Non. Non, en effet.

- Que se passe-t-il ?

Natsuki lâcha un profond soupir.

- C’est une histoire longue et compliquée. Tu ne vas pas aimer.

Natsuki commença son récit, du jour de la mort de Miyu jusqu’à l’enlèvement de sa sœur et son expédition dans les locaux d’Asward. Shizuru resta étrangement silencieuse et à la fin, Natsuki se sentait lasse et fragile. Elle n’avait même pas envie de se justifier et expliquer pourquoi elle lui avait caché toute l’histoire la dernière fois qu’elle l’avait contactée. L’excuse était sincère mais elle lui semblait pathétique et malvenue, à cet instant : Shizuru n’apprécierait pas du tout qu’elle ait gardé le silence sous prétexte que c’était pour son bien.

La fille de Kyoto prit le temps de réfléchir. Peser ses sentiments et ne pas faire l’erreur de les laisser balayer son jugement. Elle se sentait terriblement blessée que Natsuki et l’ensemble des autres HiMES ne lui aient rien dit de tout ceci : est-ce qu’on l’estimait encore si peu fiable ? Ce n’était peut-être pas totalement faux, songea-t-elle avec amertume. Elle avait un lot de secrets et de cachoteries qui rivalisait largement avec ceux de ses amies, après tout ! Shizuru considéra Natsuki dont le regard était obstinément braqué au plafond : la jeune fille n’avait pas l’air fière d’elle. En examinant sa propre conscience, elle se sentit soudain trop coupable pour lui en vouloir et elle se tendit, effrayée par l’inconstance de ses émotions.

Shizuru se reprit sévèrement : Il se passait des évènements trop graves pour qu’elle se permette de réfléchir à tout ça.
Ils avaient sous-estimé les Gurentai et leurs projets : que venait faire l’enlèvement d’Alyssa dans tout ceci ? La fillette était unique de bien des façons, voulaient-ils simplement retrouver l’enfant prodige des anciens dirigeants de la Searrs et s’en servir à nouveau de cobaye ? Une enquête s’imposait, et vite. L’idée qu’une petite fille soit aux mains de ce genre d’individus la faisait frémir d’effroi.

- Ecoute, nous reparlerons de tout ça plus tard, d’accord ? proposa-t-elle. Tu es épuisée, ça se voit.

Elle-même avait besoin de faire le point. Les yeux de Natsuki, agrandis de surprise, se rivèrent aux siens comme si on l’avait frappée.

- Tu…tu ne m’en veux pas ? lâcha-t-elle, interloquée.
Shizuru secoua la tête, désarçonnée par sa spontanéité.

- Je t’en veux de ne m’avoir rien dit, avoua-t-elle. Mais ce n’est pas le moment de se fâcher pour ces broutilles, il y a plus urgent.

Silence. Le malaise qui régnait dans la salle au moment où Natsuki avait repris ses esprits revint s’installer petit à petit, insidieux comme un poison. Shizuru avait raison mais la solitaire se sentait misérable. Des broutilles. Elle aurait préféré un éclat de colère que cette analyse détachée.

Shizuru se leva lentement. Natsuki était en sécurité ici et il fallait agir le plus vite possible pour aider Alyssa. L’inspecteur Nagoshi pourrait sûrement intervenir.

- Tu t’en vas ?

- Oui, je reviens dès que possible. Repose-toi. Tu peux compter sur mon aide pour retrouver Alyssa. Quant à toi…tu es en vie et c’est la seule chose qui compte, maintenant.

Une part d’elle-même était déçue, l’autre coupable, mais malgré la sévérité de sa tirade, Shizuru eut la certitude agaçante que le regard qu’elle adressa à Natsuki à cet instant trahissait un dévouement sans faille.

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Dernière édition par Miyaki le Ven Aoû 14, 2009 6:05 am; édité 1 fois
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Titange
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MessagePosté le: Jeu Aoû 13, 2009 10:26 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Enfin, l'action se resserre... bientôt
Spoiler:

l'équipe des HIME sera à nouveau au grand complet
J'aime bien les retrouvailles entre nos deux énamourrées nationales... On sent la tension, de façon très tendue... (oui j'ai utilisé mon stock de mots du jour XD). Tu rends bien le sentiment, le fait qu'elles sachent pas trop où elles en sont (en sous entendant qu'elles savent très bien, mais qu'elles ont pas très envie d'en parler, chacune avec le poids de son secret)


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Briseglace
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MessagePosté le: Ven Aoû 14, 2009 9:09 am    Sujet du message: Répondre en citant

Ça c'est ce que j'appelle un chapitre super-cool Cool. Très dynamique, avec de l'action et des personnages torturés (on devrait monter un club ^^), et pas de grandes retrouvailles genre "Ah Natsuki, comme j'ai eu peur, je te pardonne tout".
Je crois que les auteurs ont tous un faible pour les scènes d'action dans lesquelles il est question de Natsuki+immeuble+infiltration. C'est rare que ce soit aussi détaillé et réaliste cependant (je n'y connais rien en escalade, alors tous les termes technique et tout ça, ça jette) J'ai adoré cette scène Cool . Tu as échappé au danger de la Natsuki Mary-sue, un bon point pour toi. C'est bien, elle s'en prend plein la figure, j'adore (fille pas du tout sadique).

C'est parfait (je le dis, je le répète), sans doute l'un des meilleurs depuis le début (j'aimais bien celui où il était question de post-it partout dans la maison ^^). La seule chose qui me parait un peu bizarre, c'est que Natsuki parvient à récupérer des documents confidentiels... dans une corbeille et un tiroir? Ils sont pas très prudents, hein.

Effectivement, on risque d'avoir droit à une déferlante d'actions d'ici quelques chapitres, j'ai hâte de voir ça.

Ah oui: Mai est définitivement une mère-poule Cool .
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Miyaki
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MessagePosté le: Ven Aoû 14, 2009 10:56 am    Sujet du message: Répondre en citant

Titange a écrit:
J'aime bien les retrouvailles entre nos deux énamourrées nationales[... ]Tu rends bien le sentiment, le fait qu'elles sachent pas trop où elles en sont (en sous entendant qu'elles savent très bien, mais qu'elles ont pas très envie d'en parler, chacune avec le poids de son secret)

Briseglace a écrit:
et pas de grandes retrouvailles genre "Ah Natsuki, comme j'ai eu peur, je te pardonne tout".

Tant mieux si les retrouvailles sont convaincantes, j'avoue que c'est le passage qui m'a pris le plus longtemps à taper...j'ai du rédiger la partie "action" quasiment d'une traite mais alors ça XD
Je me suis amusée un moment à doser attirance/rejet pour pas tomber dans un truc trop extrême ^^;

Briseglace a écrit:
Je crois que les auteurs ont tous un faible pour les scènes d'action dans lesquelles il est question de Natsuki+immeuble+infiltration

Lol, c'est pas faux. Laughing
En repensant au scénario, j'ai voulu partir sur autre chose mais j'avais cette scène en tête depuis près d'un an et j'avais très envie de m'en débarasser XD

Briseglace a écrit:
La seule chose qui me parait un peu bizarre, c'est que Natsuki parvient à récupérer des documents confidentiels... dans une corbeille et un tiroir? Ils sont pas très prudents, hein.

Baaaaaah oui. Bon, en même temps, quand je vois la façon dont ils protègent les données/matériau confidentiels à Xmillions d'euros dans l'entreprise où je bosse, je me dis que ça peut être possible.
*genre*
Oui, disons qu'ils sont peu prudents Laughing

Mais j'étais ravie de taper un peu d'action, il n'y en avait clairement pas assez dans cette fic et c'est le genre de scène que j'adore bosser.
Je regrette un peu les longueurs des chapitres de départ, je crois que je me suis retrouvée piégée en voulant déveloper les caractères de Shizuru et Natsuki en séparés: je ne me suis pas rendue compte avant de m'y mettre que ça prendrait autant de temps et de précautions pour être crédible (surtout pour les yakuza XD)

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MessagePosté le: Ven Aoû 14, 2009 11:43 am    Sujet du message: Répondre en citant

ne regrette pas les "longueurs des chapitres de départ." Déjà, j'ai pas trouvé spécialement de longueur XD. Ok, peu d'action et beaucoup de pensées, mais la pensée, c'est le bien *__*
Ca permet de planter un décor psychologique fourni, ça plante l'histoire, je vois pas vraiment comment tu aurais pu en faire l'économie.
Ensuite, c'est très bon d'attendre (<_< non mais cette phrase quoi XD). Ca met d'autant plus en valeur
Spoiler:

le côté "tendu" de leurs retrouvailles. Genre, je t'ai ramassée, mais c'est vraiment parce que tu pissais le sang quoi.


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Briseglace
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MessagePosté le: Ven Aoû 14, 2009 11:50 am    Sujet du message: Répondre en citant

Exactement, je ne pense pas que tu doives regretter les "longueurs" du début (et pis y'a quand même de l'action dans tout ça, avec Alyssa et tout). Je pense que ça nous donnait une bonne idée de l'ambiance de la fic. Perso, des chapitres comme le 10 moi ça me dérange pas d'en ravoir (*fille traumatisée par un tatouage*). C'était "lourd", mais je pense que ça donne de la profondeur à ta fic et aux personnages. Je pense que t'as rien à regretter la dessus.
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MessagePosté le: Dim Sep 13, 2009 9:38 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Voici le chapitre 12, chers lecteurs ^^
J'espère qu'il vous plaira, il y a un peu de tout là-dedans, je vous laisse vous faire votre propre opinion =)
Merci à Briseglace, une fois de plus, pour son aide pour la correction ^^


- Nagoshi-san, je vais avoir besoin de votre aide.

- Dites toujours. Si c’est en rapport avec votre mission, je verrai ce que je peux faire pour vous.

Shizuru ignora son ton grinçant. Cela faisait des mois qu’ils collaboraient mais elle limitait ses entretiens avec lui au strict minimum. Un rapport tous les dix jours, tout au plus, bref et détaillé, toujours au téléphone et jamais plus de quelques minutes. L’un comme l’autre s’en portait le mieux du monde. Nagoshi lui parlait toujours sur le même ton, railleur et vaguement dédaigneux, probablement ravie de la voir se débattre parmi les yakuza.

- Les Gurentai ont enlevé une petite fille il y a quelques jours. Alyssa Searrs. Dix ans, pas très grande, yeux bleus et cheveux blonds. Elle est probablement retenue quelque part dans un des laboratoires d’Asward.

- Alyssa Searrs, Alyssa Searrs…marmonna Nagoshi.

Shizuru perçut en fond sonore le cliquetis caractéristique d’un clavier d’ordinateur et se demanda pour la dixième fois depuis qu’ils se connaissaient quelle faute il avait pu commettre pour que ses supérieurs lui refilent le dossier Fujino-Gurentai.

- Alyssa a disparu samedi dernier, annonça-t-il finalement. À Fuuka. Et d’après ce que je vois, le principal suspect s’appelle Natsuki Kuga. Pas un mot au sujet d’Asward. D’où est-ce que vous tenez votre info ?

- À votre avis ? demanda Shizuru, d’un ton faussement léger.

- Je vois.

- Je suppose que vous connaissez suffisamment l’histoire pour savoir qui est Alyssa et le rôle qu’elle a joué pendant le Festival. Les Gurentai ne l’ont sûrement pas enlevée pour le plaisir. Vous pourriez obtenir un mandat pour passer leurs locaux au peigne fin ?

Nagoshi souffla dans le récepteur.

- Ça va être difficile. L’organisation est énorme, la plupart de leurs laboratoires sont des établissements placés sous haute sécurité, protection industrielle et tout le bazar. Et la société est truffée de Yakuza : on peut être sûrs qu’ils ont graissé la patte aux bonnes personnes pour qu’avoir ce genre de papier et venir fouiller chez eux soit un véritable parcours du combattant.

- Essayez.

- Je verrai ce que je peux faire. Laissez-moi quelques jours. D’ici là, dites à Kuga de se tenir à carreaux.

- Je n’y manquerai pas.

Quelques jours. C’était beaucoup trop long. Shizuru raccrocha avec la ferme intention d’explorer d’autres pistes.

*************************

Natsuki était assise dans son lit, le dos confortablement appuyé contre des oreillers lorsque Shizuru revint dans l’appartement, en fin de journée. La solitaire avait éparpillé le contenu de son sac à dos sur les couvertures et lisait attentivement une des lettres qu’elle avait dérobée. Même si elle était encore un peu pâle, Natsuki semblait bien moins mal en point que le matin.

- Tu vas un peu mieux, on dirait, observa-t-elle en ôtant sa veste.

- J’ai dormi toute la journée. C’est incroyable, je ne pensais pas que je pourrais me redresser toute seule aussi vite !

- C’est une bonne nouvelle, tu seras vite sur pied. Tiens, tu dois mourir de faim, fit-elle en posant un sac en plastique sur la table de chevet. Je t’ai pris un repas à emporter, en venant ici.

Elle prit place dans le fauteuil pendant que Natsuki se jetait sur le contenu du sac, et passa une main dans ses cheveux pour en ôter les gouttelettes de pluie qui s’y était accrochées. L’automne tirait à sa fin et depuis quelques jours une humidité implacable s’était abattue sur les rues de Kyoto.

- Tu as trouvé quelque chose d’intéressant ?

- Pas grand-chose, jusqu’à présent, soupira la solitaire, déçue. Des notes de service, une lettre…pas de doutes, les orphans sont au centre d’un projet bien rôdé pour Asward…mais rien au sujet d’Alyssa, ou des HiMES.

Natsuki fronça les sourcils, dépitée. Est-ce qu’elle avait fait tout ça, pour rien ?

- Il me reste encore pas mal de documents à examiner, expliqua-t-elle. Et un CD.

Elle tapota une pile de document mieux rangée que les autres, comme pour se rassurer.

- Je suis allée voir un ami qui travaille à la police, annonça Shizuru en ignorant le froncement de sourcil de Natsuki. Je lui ai parlé d’Alyssa, en lui disant qu’elle était élève à mon ancienne école et que je me faisais du souci. Il m’a confié que des demandes pour obtenir un mandat étaient en cours.

Le visage de la solitaire s’illumina. Elle n’y croyait plus.

- Ça risque de prendre un peu de temps, tempéra Shizuru. Quelques jours, probablement. D’ici là, repose-toi, tu ne peux rien faire dans cet état, de toute façon.

Natsuki s’agita devant elle, mal à l’aise. « Quelques jours » d’attente équivalaient à une éternité d’inquiétude. Mais que pouvait-elle faire d’autre, blessée comme elle l’était ?

- Je vais voir si je peux explorer d’autres pistes, pendant ce temps, proposa Shizuru.

Elle s’appliqua à garder un ton détaché. La tension qui régnait entre elles s’était estompée depuis ce matin mais pas au point d’effacer tout ce qu’elle avait ressenti alors, et qui persistait, lancinant comme une brûlure.

Natsuki laissa son regard se poser sur le visage de son amie. Shizuru regardait par la fenêtre, ses traits délicats figés en un masque de neutralité impeccable. Elle évitait son regard, la solitaire en était sûre. Natsuki déglutit, incertaine alors que l’appréhension faisait battre son cœur un peu plus vite.

- Je te remercie de m’avoir sauvée, déclara-t-elle d’un ton qui lui parut ridiculement solennel. Mais tu n’es pas obligée de t’impliquer dans tout ceci…ça peut être dangereux.

Pour la première fois depuis le début de la discussion, les yeux carmin de Shizuru se plongèrent dans les siens. La fille de Kyoto haussa un sourcil avec élégance et Natsuki fut surprise de voir un sourire amusé naître sur ses lèvres. En vérité, son amie avait retenu un éclat de rire.

- Natsuki, tu m’as impliquée dans cette histoire à l’instant où tu m’as téléphoné.

La solitaire s’empourpra. Je ne veux pas qu’elle se retrouve mêlée à tout ceci, avait-elle confié à Mai. Les circonstances ne lui avaient pas laissées le choix mais Shizuru avait parfaitement raison.

- Je…

- Si tu veux bien, je vais considérer que tu as prononcé cette dernière phrase par politesse, dit-elle avec indulgence. Je ne t’aide pas par obligation. Ça n’a jamais été le cas, alors ça ne va pas commencer aujourd’hui.

Natsuki baissa les yeux, confuse. Elle savait que Shizuru répondrait de cette façon, et que sa remarque avait été stupide voire insultante. Mais elle ne s’était pas senti le droit d’accepter son aide comme si c’était la chose la plus naturelle au monde. Plus maintenant.

- Sauf si tu ne veux pas de mon aide, bien sûr.

Cette remarque lui fit l’effet d’une gifle. Shizuru pensait-elle sincèrement qu’elle lui ferait l’affront de refuser son soutien ? Non, réalisa-t-elle, son amie lui renvoyait simplement l’ascenseur, en retournant sa dernière remarque contre elle. Juste retour des choses.

- Ne dis pas de bêtise, grommela Natsuki, vexée. Mais je vais considérer que je l’ai bien cherché, et que tu as dit cette phrase par politesse, dit-elle en reprenant ses mots.

Elles n’allaient tout de même pas tourner autour du pot toute la journée, comme si c’était la première fois qu’elles se parlaient ! pensa-t-elle avec une pointe d’agacement.
Natsuki se sentait blessée et en colère. Elle savait qu’il y avait peu de chances que Shizuru l’accueille à bras ouverts mais elle ne pensait pas que voir autant de distance entre elles la toucherait à ce point. Son irritation se mua en une profonde tristesse. Sur le moment, il avait été facile de se persuader que laisser Shizuru partir à Kyoto était la meilleure chose à faire. Puis relativiser et se dire que sa froideur au téléphone n’était pas si grave, lorsqu’elle était à Fuuka et occupée à prendre soin de sa petite sœur. Mais maintenant qu’elle se trouvait face à elle, la peine qu’elle ressentait était incomparable.

Shizuru lui accorda un sourire avant de se lever, mettant fin à cet échange de formalités prudentes. Elles étaient comme deux chats sauvages, s’observant avec méfiance comme si un rien pouvait briser la trêve fragile qui s’était installée entre elles. Comme si elles avaient eu besoin de vérifier l’une et l’autre que les bases de leur relation n’avaient pas été complètement effacées au cours des derniers mois.

- Je vais y aller, fit-elle en enfilant sa veste. Je travaille à mi-temps et je ne veux pas être en retard.

- Shizuru…

- Hum ?

Natsuki se pencha en avant avec une grimace et attrapa du bout des doigts un boitier en plastique.

- Est-ce que tu pourrais regarder le contenu de ce CD, pour moi, s’il te plait ?

- Tu ne préfères pas que j’amène mon ordinateur ici, pour que tu le vérifies toi-même ?

Natsuki secoua la tête et lui tendit le boitier qu’elle tenait comme s’il contenait tous ses espoirs. Son regard avait quelque chose de suppliant.

- Non. Ce sera plus rapide si tu t’en charges, si ça te va.

- Bien sûr, assura Shizuru en prenant le CD.

*******************************************

Shizuru eut la mauvaise surprise de constater qu’une grande partie des données étaient cryptées. Elle renonça bien vite à tenter de contourner les protections des fichiers par ses propres moyens et demanda à Kohei, l’un des meilleurs hackers du Fujino-kai, de se charger du problème. Sa position de Kyodai, au sommet de la hiérarchie yakuza, la dispensa d’avoir à fournir la moindre explication concernant la provenance du CD. Un privilège chèrement payé, songea-t-elle en pensant au dragon écarlate qui rampait sur son dos. Le tatouage était magnifique. Fin et d’une élégance mortelle. Mais lorsque Shizuru apercevait sa forme serpentine rouge sang dans le reflet d’une glace, elle avait l’impression insupportable d’être une bête marquée et s’empressait de le masquer sous ses habits.

La journée de cours s’achevait péniblement. Shizuru avait été incapable de se concentrer et avait finit par jeter l’éponge et passer la dernière heure avachie sur sa table, le visage plongé au creux de ses bras en une fidèle imitation d’Hideki.

- Allez les endormis, c’est moi qui paye le café avant qu’on s’y remette, lança Seiko en fouillant dans son porte-monnaie.

Elle donna quelques coups d’index à l’épaule de Shizuru qui se redressa en lui adressant un regard faussement boudeur. Et se retrouva nez-à-nez avec le téléphone de son amie, ou plutôt l’objectif de l’appareil photo qui y était incorporé. Qui émit quelques notes joyeuses pour confirmer que l’expression de Shizuru était immortalisée dans sa carte mémoire.

Seiko éclata de rire.

- Merci, c’est dans la boîte ! Je connais quelques personnes de la classe qui seront ravies de te voir comme ça, le regard farouche et les cheveux ébouriffés, plaisanta-t-elle.

Shizuru leva les yeux au ciel. Par certains côtés, Seiko lui rappelait Chie, la spécialiste des potins de Fuuka qui traquait le moindre scoop armée de son téléphone portable.

- Mamoru, amphi de chimie du jeudi matin ? proposa Hideki, les yeux pétillants.

Seiko poussa un profond soupir en prenant un air rêveur alors qu’ils quittaient la salle.

- S’il n’y avait que lui. Shizuru, tu n’as pas idée du nombre de cœurs que tu fais chavirer dans cette Université…

La principale intéressée retint un grondement irrité qui aurait été digne de Natsuki et une étincelle d’agacement joua dans son regard: elle ne se sentait absolument pas d’humeur à entendre Seiko se lancer dans des histoires de cœurs. La dernière fois que ses amis avaient abordé le sujet, la discussion avait duré des heures après qu’Hideki ait surpris une étudiante rougissante détailler Shizuru de la tête au pied dans un couloir entre deux cours. Une certaine Tomoe, si ses souvenirs étaient exacts.

Ils quittèrent l’Université avec le flot des autres élèves. Les nuages qui assiégeaient la ville depuis le début de la semaine s’étaient dissipés pour aller s’accrocher au loin comme des boules de coton sur les flancs des collines boisées qui bordaient le campus et la banlieue de Kyoto. Les cours s’étaient achevés tôt, aujourd’hui et la plupart des étudiants discutaient par petits groupes massés sur les marches de l’entrée ou assis sur les pelouses du parc pour profiter de cette éclaircie inespérée. Et postée sous un arbre, face à l’entrée principale, Shizuru reconnut la silhouette de Natsuki. Elle cligna des yeux comme pour chasser une hallucination mais il n’y avait aucun doute. Son amie arborait son habituelle nonchalance, les bras croisés sur la poitrine en scrutant la foule des élèves d’un air d’ennuie, ses sourcils légèrement froncés suggérant une impatience étudiée. La première surprise passée, Shizuru ne put retenir un sourire : C’était sa pose classique de dur-à-cuire qui ne veut pas être approchée, une posture que Natsuki affectionnait particulièrement à l’époque où elles ne se connaissaient pas encore. Mais les coups d’œil qu’elle lançait autour d’elle de temps à autre racontaient une autre histoire. La solitaire l’attendait. Son regard étincelant croisa le sien et froncement de sourcils et bras croisés disparurent comme par magie. Natsuki hocha timidement la tête dans sa direction et s’avança vers elle.

- Je vous laisse, on se retrouve ce soir pour les maths ? lança Shizuru en quittant Hideki et Seiko pour venir à sa rencontre.

Natsuki se déplaçait avec précaution et une certaine raideur gênait la fluidité habituelle de sa démarche, preuves insignifiantes qu’elle avait était gravement blessée deux jours auparavant. Même pour une HiME, la vitesse à laquelle elle se remettait était extraordinaire.

- Je ne pensais pas te voir ici, s’étonna Shizuru une fois qu’elles furent assez proches. Tout va bien ?

- Oui, oui. Je passais juste dans le coin. Je…tourne en rond dans cet appartement et je voulais prendre un peu l’air, expliqua la solitaire en regardant autour d’elle, embarrassée. Elle plongea les mains dans ses poches pour se donner une contenance. J’espère que ça ne pose aucun problème, demanda-t-elle très vite, soucieuse.

Une lueur d’amusement traversa le regard de Shizuru. La jeune fille n’avait pas l’air à l’aise au milieu de tous ces visages inconnus. Ça ne faisait probablement que quelques minutes qu’elle était là et déjà elle faisait tourner les têtes. Natsuki finit par s’en rendre compte et jeta des regards noirs à ceux qui la détaillaient avec un peu trop d’insistance.

- Viens, allons nous asseoir un peu plus bas, tu te feras moins d’admirateurs, déclara Shizuru.

Elles s’assirent sur un carré de pelouse ensoleillé, Shizuru à genoux, le dos droit, Natsuki avec un peu moins de rigueur et une grimace lorsque ce mouvement tira sur ses blessures.

- Natsuki s’ennuie donc suffisamment pour venir me rendre visite à l’Université ?

La solitaire haussa les épaules. Son expression incertaine avait disparu et un air revêche plissait ses traits. La solitaire n’aimait toujours pas montrer la moindre de ses faiblesses. Elle avait vite remit son masque en place lorsqu’elle avait réalisé à quel point elle avait l’air perdue en lui adressant la parole.

- L’inaction. Je n’aime pas rester assise sans rien faire, argua-t-elle d’un ton bravache.

Quelques mois avant le Festival, Shizuru aurait sourit et se serait empressée de mettre à jour son petit manège : à la façon dont elle laissait ses doigts déchiqueter le moindre brin d’herbe à sa portée, Natsuki était angoissée. Mais aujourd’hui, elle ne s’en sentait pas d’humeur.

- Hum…

Natsuki lui jeta un regard en coin et manqua se frapper le front en voyant son expression distante et égale. Ce n’était pas le moment de jouer les durs. Elle s’agita, agacée du luxe de précautions qu’elle devait prendre pour adresser la parole à son amie. Depuis quand est-ce que Shizuru boudait les gens ? Elle avait l’impression d’être assise à côté d’une statue tant elle était sur la défensive ! Si son amie avait daigné lui accorder un regard, Natsuki aurait parié que ça aurait suffit à la pétrifier sur place. Son cœur se serra avec une violence inattendue. Elle faillit se lever et partir. S’enfuir. Au lieu de ça, elle redressa le menton et s’efforça de reprendre son aplomb. Allez, regarde-moi !

- D’accord, d’accord, soupira-t-elle. J’en avais assez de gamberger. Il n’y a rien dans ces fichus papiers. J’ai passé la journée à réfléchir à ce que je pourrais faire de plus…et…je suis complètement bloquée. Je me fais du souci pour Alyssa, avoua-t-elle, les sourcils froncés. J’y pense tout le temps.

Elle avait passé chaque minute à repousser les vagues d’inquiétudes qui noyaient ses pensées. Alyssa allait-elle bien ? L’avait-on frappée ? Avait-elle froid ? Faim ? Était-elle…en vie ? Ou…sur une table d’opération comme un vulgaire cobaye ? Ou pire ?

Shizuru la vit fermer les yeux avec force et se radoucit.

- Tu ne peux rien faire de plus, pour l’instant. Même si tu savais où chercher, tu n’es pas en état de tenter quoi que ce soit.

- Je sais…je sais. Mais c’est dur, marmonna-t-elle en rentrant la tête dans les épaules. Je n’ai aucune garantie qu’elle aille bien.

Shizuru garda le silence. Il aurait été facile de bercer d’illusions la solitaire. La rassurer en lui disant que oui, Alyssa était captive mais ne souffrait pas, que tout irait bien et qu’elle retrouverait vite sa sœur. La fille de Kyoto savait mieux que quiconque que les chances de retrouver Alyssa saine et sauve étaient infimes. Elle ne mentirait pas sur ce point à Natsuki.

- Tu veux me parler d’elle ?

La solitaire hésita un instant et finit par secouer la tête.

- Non. Non, j’aurais l’impression de faire…une oraison funèbre ou quelque chose de ce style.

Comment était-elle parvenue à mettre au point seule sa vendetta après la mort de sa mère, sans devenir folle à force de broyer des pensées noires ? Et l’attitude de Shizuru qui lui faisait perdre tous ses moyens ! Natsuki aurait aimé avoir la maîtrise qu’elle avait à l’époque. Aujourd’hui, les choses étaient différentes, parce que…parce que…

- Ça ne m’était jamais arrivé avant, constata-t-elle tout haut.

- Pardon ?

- Prendre soin de quelqu’un d’autre, comme Alyssa. C’était la première fois.

-Tu as su t’adapter, on dirait. C’est ce qu’il m’avait semblé quand tu m’en avais parlé au téléphone il y a quelques temps. D’une certaine façon, ce n’est pas vraiment étonnant.

- Pourquoi ça ?

Shizuru esquissa un léger sourire, peinée de lui rappeler sa situation, mais résolue à ne pas la regarder en face. Pas encore.

- Tu es peut-être la personne la mieux placée pour comprendre une orpheline, Natsuki. Je ne vois pas comment tu aurais pu délaisser Alyssa après ce qui venait de lui arriver. Elle était entre de bonnes mains, avec toi.

- Je crois…balbutia Natsuki, gênée. Elle avait l’air heureuse, à la fin. Et moi aussi, ça me faisait plaisir. Mais ça n’a pas été facile. Tu aurais vu la tête des autres, à Fuuka, quand je l’ai accompagnée à l’école la première fois ! Je parie que ça les fait encore causer, marmonna-t-elle.

Et sans même s’en rendre compte, Natsuki entrepris de lui raconter un autre évènement qui avait fait hausser les sourcils à l’Académie. Et un autre. Elle aurait pu en parler pendant une heure, sans même le réaliser. Son angoisse se dissipait. Et à chaque phrase, il lui semblait que les traits de Shizuru se détendaient. Imperceptiblement. Sa posture était moins rigide, la ligne de ses lèvres plus relâchée. Lorsqu’elle tourna la tête pour la regarder enfin, l’éclat dur de ses yeux pourpres s’était adouci. Natsuki sentit une surprenante satisfaction l’envahir alors qu’elle guettait la plus infime de ses réactions. Elle se demanda alors si c’était ce qu’avait pu ressentir Shizuru en sa présence, la première fois qu’elle avait voulu engager la discussion avec celle qu’on considérait Dame de Glace de l’Académie. Pourrait-elle lui arracher un sourire ?

Shizuru réalisa vite que Natsuki l’épiait du coin de l’œil et comprit ce qu’elle essayait de faire. Malgré l’air tourmenté qu’elle affichait lorsqu’elle avait commencé à lui parler d’Alyssa, elle souriait maintenant. L’image d’une Natsuki à l’air maussade et au regard indéchiffrable, debout sur ce quai de gare, semblait bien lointaine.

- Tu as changé, observa-t-elle.

- Hum ?

Une part de son esprit, prudente et blessée, lui soufflait qu’elle était en train de retomber dans les mêmes erreurs. Qu’elle ne gagnerait que peines et douleurs si elle laissait de nouveau Natsuki l’approcher. Son cœur se serra. C’était probablement la vérité mais le seul crime qu’avait commis la solitaire était de ne pas avoir pu lui rendre ses sentiments. Aussi blessée qu’elle ait pu l’être, Shizuru n’avait pas à se montrer odieuse. Il était peut-être temps de l’accepter et de laisser le passé derrière soi. Tout oublier. Du jour de leur rencontre où elle était tombée éperdument amoureuse, à l’instant de son départ pour Kyoto où Natsuki ne lui inspirait plus qu’une profonde amertume. Faire table rase et construire quelque chose de nouveau. Sans romance, ni remords, ni secrets. Elle se ravisa. Elle ne pouvait pas confier à Natsuki qu’elle travaillait pour un clan Yakuza, pas encore. Son amie attendait qu’elle s’explique, l’air surprise et…ravie ?

- C’est rare que tu me parles autant de toi, ou de quelqu’un qui t’es proche. Et tu es plus…attentive, dit-elle en évoquant à la fois son attitude et le comportement qu’elle avait avec Alyssa. Par moment j’aurais pu croire que c’était Mai qui me parlait, s’amusa-t-elle.

En parlant de la fillette, Natsuki semblait heureuse et épanouie. Shizuru garda ces pensées pour elle. La solitaire était toujours mal à l’aise quand on lui faisait remarquer quels sentiments elle exprimait sans s’en rendre compte.

Natsuki plissa les lèvres en une moue peu convaincue, sans savoir si cette dernière remarque était une bonne ou une mauvaise nouvelle et le sourire de Shizuru s’élargit. Franc, sincère et radieux.

La solitaire sentit un curieux tiraillement au creux de sa poitrine, en voyant ce sourire. Comme si une petite main s’était doucement refermée sur son cœur. Elle n’aurait pas dû être aussi heureuse, réalisa-t-elle en songeant à Alyssa, retenue Dieu sait où. Une ombre de culpabilité voila le soulagement tranquille qui apaisait ses pensées mais en regardant de nouveau Shizuru sourire, elle sentit qu’un poids avait définitivement quitté ses épaules.

***********************************
Il faisait presque nuit lorsque Kohei poussa la porte du bureau. Deux autres Shatei étaient présents dans la salle et discutaient dans la pénombre, comme s’ils n’avaient pas encore réalisé que le jour déclinait. Il bascula l’interrupteur pour y voir un peu plus clair et reconnut deux de ses équipiers habituels.

- Salut vieux, pas encore rentré chez toi ?

- Pas encore, soupira-t-il. Encore deux-trois trucs à régler ici et je pourrais y aller.

L’autre pointa du pouce un écran où des colonnes de chiffres et de lettres défilaient à toute allure.

- C’est à toi, le programme qui tourne sur le PC ?

- Ouais. J’essaie de trouver la clé de cryptage d’un fichier. Avec un peu de chance, ce sera la bonne, cette fois.

- C’est quoi ?

- Un truc que m’a filé Fujino. La fille. Je sais pas où elle a chopé ça, mais elle m’a dit que ça venait des Gurentai et que c’était urgent. Ça fait quoi…cinq jours que je bosse dessus ? Leur protection est une vraie plaie !

- Cette gamine, on parlait d’elle justement. C’est vrai ce qu’on raconte sur sa mère ?

- J’en sais rien et je m’en fous, bailla-t-il, peu intéressé. Je préfère largement la savoir chez nous que chez les Gurentai et ça me suffit. Elle apprend vite. Je l’ai vu embobiner un sarakin en deux secondes, tout sourire, sans que le gars s’en rende compte, et lui faire renégocier tout un contrat sans se faire prier. Une vraie charmeuse de serpent. Dommage qu’elle n’ait pas envie de bosser dans la finance parce qu’elle serait redoutable.

L’ordinateur bipa et une page de fichier Excel apparut à l’écran.

- Enfin ! Voyons-voir ça…

Kohei fit défiler les lignes et ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’un nom lui sauta au visage. Il vérifia la date et l’heure au bas de l’écran et se rua sur le téléphone en jurant.

- Merde !

Shizuru décrocha à la deuxième sonnerie.

- J’ai réussi à ouvrir un fichier, annonça-t-il sans préambule. Les Gurentai ont rendez-vous ce soir avec Goichi Takamura, aux docks de la baie d’Osaka. Ce mec est un trafiquant d’arme, il bossait pour nous en expédiant nos colis dans toute l’Asie du Sud-Est avant de nous lâcher l’année dernière. Il y a marqué Orphan, pas loin de son nom.

- Quelle heure ?

- Là, maintenant !

- J’y vais, déclara-t-elle d’un ton sans appel. Je suis en bordure de la ville en ce moment, je peux être là-bas en moins d’une heure. Avec un peu de chance, j’arriverais avant qu’ils ne lèvent le camp. Envoie-moi les coordonnées exactes, j’appelle un taxi.

- Je…

Elle raccrocha sans autre forme de procès, le laissant seul avec la tonalité de la ligne résonnant dans le récepteur.

**********

Le véhicule la déposa à quelques centaines de mètres des entrepôts. Shizuru effectua le reste du parcours à pied en prenant soin d’éviter les flaques de lumière jaunes jetées par de vieux lampadaires au bord de la route. Elle ignorait dans quelle mesure les environs étaient surveillés. Seule et sans arme, elle ne pouvait pas se permettre de prendre le moindre risque. Dès qu’elle le put, elle quitta l’accès principal et coupa à travers le terrain vague qui bordait les formes trapues des entrepôts tassés le long des docks. Dans l’obscurité, les bâtisses massives ressemblaient aux cubes d’un jeu de construction géant. Les odeurs d’iode et de fioul se faisaient de plus en plus fortes à mesure qu’elle approchait, portées par un vent marin glacial et elle fut bientôt assez proche pour apercevoir les squelettes métalliques des grues qui s’élevaient derrière les hangars.

Shizuru enjamba les restes d’un grillage tordu, dévoré par la rouille et se coula dans l’ombre des parois en tôle. C’était ici qu’avait lieu le rendez-vous, mais les environs semblaient déserts, arrivait-elle trop tard ? Ou bien les Gurentai avaient-ils annulé le rendez-vous en découvrant qu’on leur avait volé des informations ? Elle progressa jusqu’au hangar suivant et se figea dans les ténèbres en entendant un crissement de graviers contre le sol cimenté.

- Qu’est-ce qu’ils foutent là-bas, ils auraient déjà dû revenir pour embarquer la dernière caisse ! râla une voix d’homme.

- Ils se sont peut-être fait bouffer…

Des ricanements s’élevèrent.
Shizuru risqua un coup d’œil et compta trois ombres. Il y avait probablement d’autres yakuza le long des docks et devant la porte du hangar. Les marchandises restantes devaient être à l’intérieur. La jeune femme commençait à avoir une petite idée de ce qui était en train de se tramer mais il fallait qu’elle en ait le cœur net. Elle revint sur ses pas, escalada un empilement de caisses plaquées à l’angle du hangar et se hissa à la force des poignets en s’agrippant à la gouttière pour atteindre le toit. Les vis émirent un grincement menaçant lorsqu’elle s’éleva, qui lui sembla plus bruyant qu’une alarme. Elle pria pour que personne ne l’ai entendue et pour que la gouttière supporte son poids quelques secondes de plus. Le souffle court, elle se tendit pour atteindre une poutre d’acier qui s’avançait à l’extérieur et resta pendue quelques instants dans le vide avant de s’y installer à califourchon. Elle était sur le bras d’un treuil de chargement mobile qui traversait le hangar, réalisa-t-elle en voyant la chaîne en métal grosse comme son poing qui y était logée. Et il y avait juste assez d’espace entre les tôles de la paroi et celles du toit pour qu’elle puisse se faufiler à l’intérieur.

Des lampes-torches étaient disposées sur le sol et dispensaient une lumière diffuse contre les caisses. Il y avait quatre hommes dans l’entrepôt et Shizuru en devina au moins un autre dont l’ombre s’étirait dans la clarté nocturne filtrant par l’entrebâillement de la porte principale. L’un des yakuza portait une sorte de canne courte et Shizuru reconnut un fourreau de katana lorsqu’il le cala sur son épaule. « Jinta-le-dingue », tel qu’il s’était lui-même présenté après avoir tranché la main d’un membre du Fujino-kai. Shizuru était trop loin pour distinguer les détails de son visage mais elle entrevit dans la pénombre des traits acérés, taillés à la serpe.

Un grondement étouffé monta d’une caisse isolée et Shizuru réalisa qu’il s’agissait en fait d’une cage. Un homme aurait pu se tenir debout à l’intérieur et, en plissant les yeux, elle aperçut des touffes de poils sombres qui perçaient entre le maillage des grilles. Un Orphan. Vendu à un trafiquant d’armes. Shizuru l’avait redouté à l’instant où Kohei lui avait décrit ce qu’il avait lu dans le fichier protégé.

- La ferme ! hurla Jinta en décochant un coup de pied dans la cage.

Les grondements redoublèrent d’intensité et il se mit à rire.

- Si ces connards ne se magnent pas pour venir récupérer le dernier, je le libère et ils pourront tester eux-mêmes la marchandise ! cracha-t-il.

- Heu…pas de blagues, le calma un des yakuza, peu rassuré. Ces trucs sont incontrôlables…

- Exactement, susurra Jinta avec délectation. Je suis prêt à parier que l’un d’eux se libèrera avant la fin du voyage et fera un carnage à bord avant qu’ils pigent ce qui se passe. Bah, s’ils ne veulent pas attendre d’en avoir des dressés, c’est leur problème, lança-t-il comme si ça n’avait aucune importance.

Shizuru en avait assez vu et entendu. Elle pivota lentement et rebroussa chemin…

- Hé ! C’est quoi ça !

- Y a quelqu’un là-haut !

Shizuru sentit son sang se geler dans ses veines et rampa aussi vite qu’elle le put vers le carré de ciel nocturne. Des cris retentirent et des coups de feu résonnèrent comme des claquements de tonnerre dans l’enceinte métallique. Ramper, se redresser, sauter et courir le plus vite possible à travers le terrain vague…mais dehors, les yakuza faisaient le tour du bâtiment et Shizuru savait qu’elle n’avait aucune chance en terrain découvert. Elle fit volte-face et bondit pour saisir à pleine main le rebord du toit en tôle qui lui déchira les paumes. Elle se hissa, le cœur battant la chamade et roula sur les plaques en acier. Des balles fendirent l’air à l’endroit où elle se trouvait une fraction de seconde auparavant.

- Sur le toit !

BANG !

Sous ses pieds, la tôle se déchira comme du papier, traversée de part en part par une rafale de mitraillette tirée de l’intérieur.

Shizuru recula frénétiquement. Fuir, fuir, fuir…où ?
Elle se rua en avant, vers la carcasse décharnée d’une des longues grues du port qui s’élevait entre la mer et elle et bondit, aussi loin qu’elle le pouvait.
Incapable de calculer la distance qui la séparait de la structure en acier dans l’obscurité, Shizuru rata la poutrelle supérieure et s’écrasa contre celle d’en dessous. Elle sentit ses côtes craquer lorsque son corps percuta le métal. L’instinct de survie la fit s’accrocher à la poutre pour ne pas basculer en arrière, comme un naufragé à son radeau, le souffle coupé net et un cri de douleur muet aux lèvres.

- Il est passé où ?

Ses paumes ensanglantées glissaient contre l’acier et lorsque Shizuru parvint à se hisser, sa vision bascula un instant. Elle força un peu d’air dans ses poumons, d’une inspiration douloureuse qui lui brûla la poitrine comme une coulée de lave. Monter.

- Par ici !

- Devant !

Le sang lui battant les tempes, elle trouva quelque part la force de se redresser et de grimper jusqu’à la poutrelle supérieure. La mer était juste devant elle, gigantesque miroir d’obsidienne.
Shizuru s’élança, la tête rentrée dans les épaules, guettant la rafale qui la faucherait en pleine course. Les balles sifflèrent et s’écrasèrent en une pluie d’étincelle contre le métal.
Elle sauta la tête la première.
Traversant l’air, Shizuru se tendit comme un arc et plongea dans les eaux sombres et glacées.
Elle s’obligea à nager le plus loin possible en longeant les docks, pour profiter de l’ombre qu’ils projetaient sur la surface.
Autour d’elle, l’eau polluée du port semblait épaisse, lourde et grasse comme de l’huile de moteur. Au moins, le froid avait le mérite de lui éclaircir les idées. Shizuru grimaça et remonta à l’air libre le plus lentement possible. Une goulée d’oxygène et elle replongeait, en sécurité dans l’obscurité des flots, pour s’éloigner davantage.

Les yakuza ne la retrouveraient plus, maintenant. Dans la nuit, il était quasiment impossible de déceler quoi que ce soit à la surface de l’eau sculptée par le vent. Elle pouvait être n’importe où. Et ils ne pouvaient pas prendre le risque de s’éterniser ici.
Shizuru s’arma de patience et se prépara à passer l’heure suivante immobile dans l’eau glacée, pour leur laisser le temps de quitter les lieux et s’accorder une marge de sécurité confortable. Les minutes à venir allaient être longues…

********************

Natsuki dormait lorsque le claquement du verrou la tira de ses rêves, suivit du glissement feutré d’une porte que l’on ouvre.

- Shizuru ?

La solitaire se leva et alluma la lumière qui éclaira le petit hall d’entrée. Elle tomba nez-à-nez avec son amie qui lui adressa un salut de la main en écartant des mèches de cheveux humides de son visage. Éberluée, Natsuki la vit ôter ses chaussures couvertes de boue alors que ses habits, scandaleusement plaqués contre sa peau, gouttaient lentement sur le parquet.

- Shizuru ! Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? Tu es trempée et…

- J’empeste la vase et le fioul, acheva son amie. Ara ara, une douche s’impose, sourit-elle avec entrain comme si c’était la chose la plus naturelle au monde.

- Tu es blessée, surtout ! s’écria la solitaire en apercevant les plaies qui s’ouvraient dans le creux de ses mains. Qu’est-ce qu’il t’est arrivée ? Laisse-moi voir ça…

- C’est bon, je vais bien, je t’assure. Laisse-moi le temps de reprendre une apparence humaine, et je t’expliquerai tout après.

Elle se sentait gelée jusqu’aux os. En la voyant frissonner, Natsuki la laissa s’esquiver dans la salle de bain, interloquée, et alla lui chercher des vêtements secs.

*******************************

Shizuru s’observa dans la glace en grimaçant. Une énorme marque rouge s’étalait en travers de son corps, juste sous sa poitrine, et commençait à prendre une teinte violacée. Elle inspira avec prudence et palpa doucement la peau à cet endroit. Elle avait mal, mais avec un peu de chance il n’y avait rien de cassé, juste de sévères contusions. Shizuru n’était pas médecin mais estimait que si elle ne hurlait pas de douleur et qu’elle pouvait respirer sans trop souffrir, ça ne devait pas être bien grave.

Elle passa un t-shirt noir et un short que Natsuki avait déposé dans la salle de bain quelques minutes auparavant, alors qu’elle laissait avec délice l’eau brûlante la réchauffer. En temps normal, Shizuru ne s’en serait pas formalisée mais son cœur avait manqué un battement quand elle s’était rappelée du tatouage qui ornait son dos. Heureusement, le rideau de douche était entièrement opaque et, de toute façon, si Natsuki était aussi pudique qu’autrefois, Shizuru était prête à parier qu’elle avait gardé les yeux rivés dans la direction opposée. Et elle pouvait s’estimer heureuse que la solitaire ne lui ait pas apporté un débardeur !

Elle revint dans la chambre où son amie l’attendait, pensive, assise sur son lit devant un plateau où était déposée une tasse fumante. La solitaire lui avait préparé du thé.

- Ookini, Natsuki, remercia Shizuru, touchée par l’attention.

- Donne-moi ça, je vais m’en occuper, pendant que tu me racontes ce qu’il t’est arrivée, demanda-t-elle en lui prenant le rouleau de gaze qu’elle tenait et en lui faisant tendre les mains devant elle.

Shizuru se laissa faire avec un peu d’appréhension mais estima que si Natsuki tenait à s’occuper d’elle ce soir, elle n’allait tout de même pas refuser. Elle s’assit sur le matelas à côté d’elle et la solitaire banda ses paumes blessées avec application pendant qu’elle lui racontait toute l’histoire. Elle passa sous silence la véritable identité de Kohei, qui passa du statut de yakuza à celui d’apprenti hacker du département informatique de son université.

- Tu aurais pu me prévenir, bouda Natsuki, en collant un morceau de sparadrap en travers des bandelettes qui enserraient sa main droite.

- Je n’ai pas eu le temps, j’ai dû partir immédiatement à Osaka. Je n’étais même pas sûre de ce que j’allais trouver là-bas.

- Des ennuis, la preuve, grommela la solitaire.

Shizuru s’adossa contre le montant du lit et pinça les lèvres lorsque ses muscles meurtris protestèrent.

- Tu es blessée ailleurs ?

- Je vais bien, ce n’est rien, assura Shizuru, surprise que Natsuki ait remarqué.

- Alyssa fait la même tête quand elle me cache un gros bobo. Montre-moi. Allez !

Shizuru releva un bout de son tee-shirt, révélant une peau pâle marbrée d’indigo. Tiens, la couleur avait changé depuis tout à l’heure, nota la fille de Kyoto. Natsuki inspira entre ses dents avec une grimace, avança la main comme pour toucher et suspendit finalement son geste.

- Il n’y a rien à faire, à part attendre, conclut Shizuru en laissant le tissu masquer la blessure. Ne t’occupe pas de ça, insista-t-elle en la voyant regarder son tee-shirt avec inquiétude, il y a plus important pour l’instant.

Natsuki hocha la tête d’un air peu convaincu avant de la regarder en face.

- Asward vend ses orphans, déclara-t-elle. Ils n’ont pas peur de perdre leurs clients en court de route ?

Ces créatures n’étaient pas invincibles, mais elles étaient suffisamment rapides et puissantes pour faire des dégâts considérables et tuer plusieurs hommes avant d’être maîtrisées !

- Des armes biologiques. Et vu les acheteurs, probablement des terroristes ou des individus de la même espèce, je n’ose pas imaginer à quoi ils vont servir. Mais il y a autre chose. Asward projette de dresser des Orphans, afin qu’il soit possible de les contrôler facilement.

Natsuki pâlit brusquement en comprenant où son amie voulait en venir.

- Tu m’avais bien dit…qu’Alyssa était parvenue à maîtriser une de ces choses, n'est-ce pas ? demanda doucement Shizuru.

- Ces types ont enlevé Ayssa…pour qu’elle dompte leurs Orphans ?

- J’en ai bien peur.

Natsuki se laissa retomber en arrière, sur le matelas.

- Ils sont complètement fous…je n’y ai pas pensé un seul instant…je…je croyais qu’ils voulaient recréer une HiME…pas l’utiliser de cette façon…

Shizuru se frotta les yeux comme pour en ôter la fatigue et s’allongea précautionneusement, en espérant diminuer la douleur dans ses muscles.

- Ce n’est qu’une hypothèse…mais si elle est correcte, c’est plutôt une bonne nouvelle. Alyssa est en vie. Et probablement en un seul morceau. Ce yakuza n’aurait pas parlé de ça si leur projet de maîtriser les Orphans avait été abandonné.

- Je…je suppose…

Natsuki s’imagina sa sœur, frêle et sans défense, face à un de ces monstres, et frissonna. Elle secoua la tête. Alyssa n’était pas si faible, loin de là. Sa petite sœur avait un mental d’acier et avait survécu aux horreurs qu’on lui avait fait subir dans des laboratoires pendant des années. Malgré les apparences, c’était une gamine incroyablement tenace et têtue. Elle ne devait pas l’oublier. Aussi pénible que soit sa situation, Alyssa tiendrait le coup.

Jusqu’à ce que je vienne la chercher.

Et à ce moment, elle ferait payer cher à ces types qui l’avaient replongée dans ce cauchemar.

Natsuki se tourna vers Shizuru qui dormait à poings fermés.
Son amie était exténuée et elle ne songea pas un instant à la réveiller. Elle considéra d’aller passer le restant de la nuit sur le canapé du salon, avant d’écarter cette idée tout aussi vite : c’était un lit deux places après tout. Et elle n’allait pas agir comme si l’idée de dormir à trente centimètres de Shizuru lui posait un problème, alors que ça n’était pas le cas.

Elle alla chercher une autre couverture pour son amie, en se rappelant que quelques mois auparavant elle s’était demandée dans quelle mesure elle serait encore capable de faire confiance à Shizuru. Cette idée lui parut incroyablement déplacée, lorsqu’elle songea à ce que la fille de Kyoto avait accompli pour elle ce soir.

Natsuki étendit la couverture sur Shizuru qui s’y blottit d’elle-même en se tournant dans son sommeil, et repensa à leur discussion dans le parc, amusée. Qui aurait cru que ce serait elle, la solitaire, qui chercherait un peu de reconnaissance et d’attention dans les yeux de son amie ?

Elle s’allongea à son tour avec un étrange soulagement et l’impression qu’une petite main se refermait doucement sur son cœur, comme la dernière fois. Elle ne put savourer ce sentiment très longtemps : Natsuki éteignit la lumière en laissant échapper un soupir lorsque les dernières paroles de Shizuru lui revinrent en tête. Alyssa. Elle n’était pas prête de retrouver le sommeil.

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Titange
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MessagePosté le: Mer Sep 16, 2009 6:22 pm    Sujet du message: Répondre en citant

du sang du sang du sang... XD
Et c'est au tour du Shizuru de nous jouer les spider-woman... Aussi efficacement que Natsuki, ça fait plaisir!
Enfin ça se lit toujours aussi bien, maintenant que tout est bien mis en place, on a plus qu'à laisser arriver les évènements, c'plaisant.

ah et l'allusion à une certaine jeune fille dans les couloirs, chuis pétée de rire.

et pour ça aussi: "ses habits, scandaleusement plaqués contre sa peau".
L'adverbe est dantesquement utilisé... Laughing

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WinryElric
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MessagePosté le: Mer Sep 16, 2009 11:39 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Cette histoire devient plus passionnante à chaque chapitre ^^ c'est vraiment un régal de la lire ^_^

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MessagePosté le: Jeu Sep 17, 2009 11:43 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Titange>> Of course, il ne faut pas oublier que Shizuru était une HiME de catégorie olympique, elle mérite aussi ses séances de course poursuite en équilibre précaire Cool

Quand au "scandaleusement", j'ai un peu hésité mais je me suis dit, tant qu'à faire... Rolling Eyes

Winry>>Hey, cool de te voir ici, je ne savais pas que tu lisais encore cette fanfic, ça fait plaiz' ^^

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WinryElric
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MessagePosté le: Ven Sep 18, 2009 9:17 am    Sujet du message: Répondre en citant

Ah mais si je la lis ^^ je ne le dis pas trop parce qu'en général je lis super tard et je m'effondre de sommeil avant de poster un commentaire mais je suis ta plus grande fan *_*

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